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Sortir de la guérilla. Le chemin tortueux de la paix en Colombie / 09 et 10



En 2016, ils furent près de 15.000 à désarmer. Sur la voie de leur "réincorporation", entre menaces d'assassinats et "projets productifs", que sont devenus les ex-combattants de la guérilla des FARC, cinq ans après la signature de l'Accord de Paix en Colombie ?


Désarmer, ce n’est pas tout. Encore faut-il changer de corps. Littéralement, se ré-incorporer, comme il est dit des ex-combattant.e.s de la guérilla des FARC qui, en novembre 2016, ont signé l’Accord de Paix conclu avec l’État colombien.

Sur le plan politique, l’Accord de Paix a octroyé 10 sièges de parlementaires aux anciens rebelles, sous la bannière d’un parti qui a d’abord gardé le sigle FARC (pour Force alternative révolutionnaire commune) avant de se rebaptiser, en janvier dernier, Parti des Communs (Partido Communes). En dehors de cette petite vitrine politique, l’arrière-cour de la réincorporation dans la vie civile n’est guère reluisante. Tout comme les « leaders sociaux » (lire ICI), les ex-combattants des FARC sont dans la ligne de mire des groupes paramilitaires qui continuent de sévir dans le pays : à ce jour, près de 300 d’entre eux ont été assassinés depuis l’Accord de Paix. Selon l’enquête de Verdad abierta, les mesures de sécurité qui devaient leur être garanties sont nettement insuffisantes.


Tout aussi insuffisante, est la mise en œuvre des dispositifs prévus part l’Accord de Paix pour accompagner et soutenir les ex-combattants dans leur retour à la vie civile et le développement de « projets productifs ». L’Accord de Paix est inscrit dans la Constitution, et il est soutenu et accompagné par l’ONU et la communauté internationale. Le président d’extrême-droite Ivan Duque, qui y était opposé (la guerre, pour le business, c’est toujours mieux, CQFD), est bien obligé de l’appliquer. Ou plutôt, de faire semblant de l’appliquer.

Les « espaces territoriaux de formation et de réincorporation » où sont regroupés les ex-combattants des FARC et leurs familles, en sont un exemple parmi d’autres, symboles d’une politique au rabais. Construits à la va-vite, avec des matériaux bas de gamme, ces baraquements ressemblent plus à une forme de casernement qu’à de véritables maisons.

Dans ce contexte difficile, les ex-combattants « font preuve d’une créativité permanente » dit l’un de leurs représentants, Pastor Alape. Comme à Bonitas Aguas, dans le département de Caquetá, qui organise chaque année un festival de fresques murales qui redonne des couleurs au cadre de vie (voir portfolio en toute fin d’article).

Mais on peut se poser des questions. En 2016, quelque 15.000 guérilleros ont déposé les armes. A juste titre, beaucoup se sentent aujourd’hui trahis par un État qui manque à la plupart de ses engagements. Et cette désillusion pourrait inciter certains, parmi les plus jeunes, à reprendre la lutte armée. Peut-être est-ce, au fond, ce que souhaite le président Ivan Duque : la prolongation d’une politique de terreur ne serait-elle pas le meilleur moyen d’étouffer les revendications de justice sociale qui se sont puissamment manifestées au printemps dernier ?

15.000 ex-guérilleros, sur une population totale de 51 millions d’habitants, on se dit naïvement qu’avec une véritable volonté politique, le processus de « réincorporation » ne devrait quand même pas être la mer à boire. On se demande aussi, au passage, où va l’aide de l’ONU (en 2019, 9 milliards de pesos, environ 2 millions d’euros, pour 15 Espaces territoriaux de réincorporation) et de l’Union européenne (en 2016, 95 millions d’euros à travers le Fonds Européen pour la Paix).

Le gouvernement colombien a un joli slogan : « El futuro es de todos », « Le futur appartient à tous ». A tous, sauf certains, faudrait-il ajouter.

La réalité de la situation de la réincorporation des ex-combattants des FARC, comme d’autres points déjà abordés ou à venir, dément l’autosatisfecit que l’actuel président colombien affiche en toute circonstance vis-à-vis de la communauté internationale. Visiblement, ça marche, puisque le 29 avril dernier, le Parlement européen a voté une résolution qui, tout en « condamnant les assassinats de défenseurs des droits de l’homme, d’anciens combattants des FARC et de dirigeants sociaux et autochtones ainsi que les violences à leur encontre », « réitère son soutien [de l’Union européenne] à l’accord de paix final en Colombie », « salue les progrès accomplis par la Colombie en ce qui concerne par exemple la réforme rurale intégrée, les programmes de développement rural, le respect des droits des victimes, la résolution du problème des drogues illicites, la reconversion des cultures illicites, la restitution des terres ou la réintégration des anciens combattants » (sic), « reconnaît les efforts déployés pour lutter contre la criminalité des groupes armés organisés et d’autres organisations » (re-sic), et en conséquence, « demande à la Commission et au Conseil européen de redoubler leur soutien politique et financier à la Colombie dans le cadre des nouveaux instruments de coopération au cours de la nouvelle période budgétaire. »


Fruit d’un patient travail d’investigation, de recoupement de sources, de recueil de témoignages, l’enquête au long cours de Verdad abierta, dont les humanités ont entrepris la traduction et l’édition, dresse un constat étayé sur la nature des « progrès accomplis par la Colombie » que vante avec ferveur l’Union européenne. Le (bon) journalisme sert aussi à cela : ne pas prendre des vessies pour des lanternes. En espagnol, je ne sais pas comment on dit.


Jean-Marc Adolphe


Photo en tête d’article : D'anciens combattants des FARC à bord des bus traditionnels "chivas", se dirigent vers Medellin, deuxième ville de Colombie et capitale de la région d'Antioquia, le 29 octobre 2020. Photo Joaquin Sarmiento / AFP.



Les Cinq ans après de l’Accord de Paix / articles déjà parus :

01 / Sur de bons rails ? Le chemin tortueux de la paix en Colombie. Lire ICI

02 / Juger le passé. La Juridiction pour la Paix. Lire ICI

03 / Savoir et comprendre. Face au miroir de la vérité. Lire ICI

04 / Francisco de Roux : « La vérité est un combat ». Lire ICI

05 / Un travail de fourmi. La recherche des personnes disparues. Lire ICI

06 / Genre et paix. Avec les femmes et la communauté LGBTI, un processus inachevé. Lire ICI

07 / L’oubli indigène. Le chapitre ethnique, confiné sur le papier. Lire ICI

08 / Risques et périls. La mise en œuvre de l'Accord de Paix a été fatale pour les leaders sociaux. Lire ICI



ENQUÊTE DE VERDAD ABIERTA


09 / Sécurité des ex-combattants : une « garantie » qui a coûté la vie à 290 personnes


Depuis la signature de l'Accord de Paix, un membre de l'ancienne guérilla des FARC qui avait déposé les armes et était en train de se réinsérer dans la vie légale a été assassiné en moyenne tous les six jours. Ces ex-combattants avaient parié sur la réconciliation, mais l'État n'a pas su les protéger.


« Aujourd'hui, c'est comme si nous étions revenus à l'époque de la guerre : nous devons faire attention à nous, et chercher des dispositifs de sécurité parce que nous ne pouvons pas rester seuls. » Ces mots, empreints d'angoisse et de déception, viennent de Carlos Grajales, passé de la clandestinité armée à la présidence de la brasserie artisanale La Roja, l'un des « projets productifs » les plus significatifs parmi les 13 000 anciens membres des FARC qui ont déposé les armes entre fin 2016 et début 2017. [Selon l’Université des Andes, un « projet productif » est « la recherche d'une solution à un problème ou à un besoin humain, avec un effort temporaire pour créer un produit ou un service ». Pour se réinsérer dans la vie légale, les ex-combattants des FARC sont incités à mettre en œuvre de tels projets -NdR].


Ce sentiment n'est pas une question de perception, d'exagération ou de schizophrénie. En pratique, il ne s'est pas passé un mois depuis 2017 sans que l'on apprenne le meurtre d'un ancien combattant des FARC. Jusqu’au 22 octobre de cette année, le Conseil national de réincorporation [une instance créée par l'Accord de Paix, dont l'objectif est de définir les activités, d'établir le calendrier et de suivre le processus de réincorporation à la vie civile des membres des FARC - NdR] a recensé 290 assassinats, 53 attentats et 15 disparitions forcées. Au cours des deux premières années qui ont suivi la signature de l’Accord de Paix, 78 ex-combattants ont été tués et un autre a échappé à l'attaque d'un tueur à gages. Depuis 20218, sous la présidence d'Iván Duque, on compte 211 homicides et 46 attentats.

Les départements les plus violents pour les anciens combattants réincorporés des FARC se trouvent dans le sud-ouest du pays. En tête de liste figurent le Cauca, avec 52 meurtres, le Nariño, avec 33, et Caquetá, avec 30, suivis des départements d’Antioquia (29), du Meta (25), du Putumayo (22), du Valle del Cauca (19), du Norte de Santander (18) et du Chocó (17).

Obsèques d’un ex-combattant des FARC, juillet 2021.


La Mission de vérification des Nations Unies en Colombie a établi qu'en 2021, les homicides contre les ex-combattants étaient concentrés dans 25 municipalités du pays et que les conditions de sécurité dans les départements de Bolívar, de Caquetá, de Guaviare et du Meta s’étaient détériorées.

Pour sa part, l'Unité d'enquête de la Juridiction Spéciale pour la Paix (JEP) a tiré la sonnette d'alarme sur la violence subie par les membres démobilisés des FARC dans une dizaine de municipalités, où la situation est qualifiée de « critique ».

Cette Unité d’enquête distingue deux principaux types de violence contre les signataires de l'accord de paix. Le premier est lié au travail effectué par des combattants réincorporés qui conduisent la mise en œuvre des politiques dites de post-conflit : « cela montre que les positions de leadership assumées par certaines personnes réincorporées lors de leur transition vers la vie civile font d’eux des cibles très exposées ». (…)

Le deuxième type de violence est lié aux conflits territoriaux et aux actions des différents groupes armés. Après avoir consacré un rapport spécifique sur le sud-ouest du pays, suite à la gravité des violences dans le Nariño, le Cauca et le Valle del Cauca, où 115 ex-combattants ont été tués entre le 24 novembre 2016 et le 13 août de cette année, l'unité d'enquête de la Juridiction Spéciale pour la Paix conclut qu'il existe «un schéma de violence meurtrière associé à la prédominance d’un différend entre les dissidents des FARC et trois groupes paramilitaires, le Bloque Oriental, le Bloque Sur et le Comando Conjunto de Occidente».


D'autre part, d’après un rapport de la Mission de vérification des Nations unies en Colombie, 72 % des meurtres d'ex-combattants ont eu lieu dans des zones rurales et dans des communes où sont mis en œuvre des Programmes de développement avec une approche territoriale (PDET) [Ces Programmes sont un instrument de planification et de gestion du gouvernement (à travers l'Agence pour la Rénovation Territoriale) pour mettre en œuvre les plans et programmes sectoriels dans le cadre de la Réforme Rurale Intégrale et les mesures établies dans l'Accord de Paix, dans les 16 sous-régions qui regroupent 170 municipalités prioritaires – NdR]. (…)

Le 15 juillet 2020, des fils d'anciens guérilleros sont à bord d'un bus traditionnel appelé "chiva".

Ils quittent l'ETCR (Espace Territorial de Réincorporation) de la municipalité d’Ituango suite à une série d'attaques contre d'anciens combattants des FARC. Après de longues heures de voyage, ils vont s'installer

dans le village de Mutatá, 300 kilomètres plus loin. Photo Joaquin Sarmiento / AFP.


Isabela Sanroque, qui a milité pendant 12 ans dans les rangs du Bloque Oriental [l'une des sept unités subdivisionnaires des FARC, considérée comme la plus forte faction militaire de la guérilla -NdR], et qui a participé aux négociations de La Havane, est actuellement en train de se réincorporer dans la société civile. « Pour des raisons de sécurité, ils ont dû s'éloigner des espaces territoriaux - des lieux propices à leur réincorporation et au développement de projets productifs », dit-elle de ses anciens camarades de combat qui, comme elle, ont déposé les armes. « Ils ont dû partir à la recherche de nouveaux horizons, et cela a un impact négatif, car la continuité des processus est perdue. »

Un exemple en est la zone de réincorporation de Santa Lucía, à Ituango, dans le département d'Antioquia, où 93 ex-combattants, ainsi que leurs familles, ont fui la violence en juillet 2020 et ont dû se réinstaller 300 kilomètres plus loin, dans le village de Mutatá.



Maria Steffania Munoz et sa fille ont été tuées par balles le 14 octobre dernier dans la municipalité de Buenos Aires, dans le Cauca, la région de Colombie la plus touchée par les assassinats d’ex-combattant.e.s des FARC.




Des « garanties de sécurité » insuffisantes.


L'Accord de Paix comprenait un ensemble de garanties de sécurité pour les ex-combattants et les leaders sociaux ; cependant, la succession constante d'assassinats montre que ces garanties ne sont pas suffisantes ou ne sont pas mises en œuvre de manière idéale.

Dans son rapport bimestriel de mai à juin 2021, l’Institut Kroc, chargé du suivi de la mise en œuvre de l’Accord de Paix, indique que 48 % des 140 mesures relatives à la fin du conflit ont été réalisées, la plupart d'entre elles concernant le processus de dépôt des armes par les FARC et la transition vers la société civile de ceux qui ont parié sur le processus de paix. Mais ce rapport attire l’attention sur

la situation du Programme global de sécurité et de protection des communautés et des organisations dans les territoires, un organe créé par un décret d'avril 2018 dans le but de « définir et d'adopter des mesures de protection globale dans les territoires, y compris pour les leaders sociaux, les représentants et les militants des organisations sociales, populaires, ethniques, de femmes, de genre, environnementales, communautaires, LGBTI et des défenseurs des droits humains. » Les mesures de sécurité et de protection visent à « protéger, respecter et garantir les droits à la vie, à l'intégrité, à la liberté et à la sécurité des communautés et des organisations dans les territoires ». Or, selon l’Institut Kroc, ce programme dispose d'un budget insuffisant pour sa mise en œuvre. (…)


« Nous sommes sans cesse l'objet de menaces, et cela est lié à l'irresponsabilité du gouvernement vis-à-vis de chacun des éléments de l'Accord de Paix qui ont trait aux garanties qui devaient nous être assurées », commente Federico Montes, qui a fait partie pendant 18 ans de l'ex-guérilla des FARC et a abandonné les armes pour retrouver sa famille et revenir à la vie légale. Il déplore également que l’accent mis sur les guérillas dissidentes serve à stigmatiser ceux qui poursuivent la voie de la réincorporation : « cela s'accompagne d'un discours pro-gouvernemental qui essaie de vendre l'idée que les FARC ne se sont pas conformées à l’Accord de Paix ».

Un autre facteur qui ajoute à la violence subie par les ex-combattants réincorporés est l'impunité dont jouissent les responsables d’assassinats et le manque d'information sur l'avancement des enquêtes judiciaires. (…)


D'autres garde-fous font défaut


Manuela Marín appartenait aux FARC et opérait dans le páramo de Sumapaz [Un páramo est un paysage et un écosystème de montagne, dans les régions tropicales : c'est une sorte de prairie froide de haute altitude, dans les Andes, qui se forme au-dessus de la forêt tropicale – NdR]. Actuellement engagée en politique au sein du parti Comunes, qui a été créé par d’ex-combattant.e.s de la guérilla, elle met en garde contre les « risques transversaux » pour les signataires de l'Accord de Paix : « Ce que nous dénonçons, c'est l'absence de transformation politique, économique et culturelle ».


Tous les six jours, en moyenne, est tué un ex-combattant des FARC. Cette vague de violence a également des répercussions sur le travail politique du parti Comunes, qui a cherché à ouvrir des espaces démocratiques et participatifs. « Nous devons prendre beaucoup de précautions avant d’aller dans certains départements. Nous sommes confrontés à des menaces directes et indirectes qui rendent l'exercice difficile », ajoute Manuela Marín.

D’autres ex-combattants doivent faire face à des campagnes de stigmatisation. Joverman Sánchez Arroyave, également connu sous le nom de "Rubén" ou "Manteco", qui commandait le 58e front des anciennes FARC, affirme ainsi avoir été victime de fausses informations diffusées par la police (et relayées par la presse), qui l’accusaient d’avoir abandonné le processus de réincorporation et de s’être rapproché des Autodéfenses Gaitanistes de Colombie, un puissant groupe paramilitaire également connu sous le nom de « Clan du Golfe ». « Certains militaires ne veulent pas me pardonner d'avoir été un combattant de la guérilla. C’est une façon pour eux d’attaquer le processus de paix », commente Joverman Sánchez Arroyave.

Une personne participant à un programme de réconciliation en Colombie écrit le mot "paix" en espagnol.

Photo Hector Latorre / Mission de vérification des Nations Unies en Colombie.


Selon le dernier rapport de la Mission de vérification des Nations unies, l'Unité de protection nationale a approuvé (du 1er janvier 2021 à la mi-septembre de cette année) 597 demandes de protection, dont 86 mesures pour des femmes et 29 mesures de protection collective. Mais, ajoute ce rapport, bien que 470 des 686 escortes supplémentaires ordonnées (à fin juillet 2020) par la Juridiction spéciale pour la paix aient été contractualisées, « les réductions budgétaires affectent le financement des régimes de protection pour les voyages et les indemnités journalières, ce qui a un impact négatif sur la capacité des ex-combattants à développer pleinement leurs activités de réincorporation économique, sociale et politique dans tout le pays ». (…)


Face à la persistance de la violence et aux difficultés à protéger les combattants réincorporés, Jorge Mantilla, directeur du département Dynamiques du conflit et négociations de paix à la Fondation Ideas para la Paz (FIP), demande instamment que ce contexte à haut risque soit abordé « de manière urgente et interinstitutionnelle, afin qu'il y ait des garanties de sécurité et que cette dynamique de violence sélective contre les ex-combattants soit stoppée ». Cet analyste reconnaît toutefois que des progrès ont été réalisés dans le domaine de la sécurité, en comparant la situation actuelle avec d'autres processus de dépôt d'armes et de réincorporation qui ont eu lieu auparavant. Il cite en exemple la démobilisation de l'EPL en 1991, au cours de laquelle environ 15 % des ex-combattants ont été tués [d’obédience maoïste, l’EPL, Armée populaire de libération était un mouvement de guérilla né en 1967. La plupart de ses anciens membres se sont démobilisés en 1991, formant le parti politique Esperanza, Paz y Libertad (Espoir, paix et liberté) - NdR]. Dans le cas du Corriente de Renovación Socialista, qui a déposé les armes en 1994, le chiffre a atteint 18 % ; et avec les Autodéfenses Unies de Colombie [groupe paramilitaire – NdR], dont le processus de démobilisation a eu lieu entre novembre 2003 et août 2006, le nombre de morts a atteint 11,3 %. « Cela ne veut pas dire que ce qui se passe aujourd’hui n'est pas grave, c'est très grave », poursuit Jorge Mantilla, « mais replacé dans ce contexte, environ deux pour cent des ex-combattants des FARC ont été tués ».

Une analyse qu’a du mal à partager l’ex-combattante Manuela Marín : « Le gouvernement n’a aucune honte à dire que le bilan n'est pas si négatif parce que dans d'autres processus de paix, il y a eu plus de morts, alors qu'un seul meurtre devrait déjà être préoccupant et constituer une défaite pour l'État colombien. »


Il est encore temps pour le pays de prendre un tournant majeur et d'éviter de nouvelles effusions de sang. Il est urgent de prendre des mesures qui protègent efficacement les hommes et les femmes qui ont déposé les armes, qui ont cru en l'État pour travailler à la réconciliation nationale et à la construction d'une société meilleure. Sinon, comme le prévoit une projection statistique de l'unité d'enquête de la Juridiction Spéciale pour la Paix, dans trois ans, la Colombie ne parlera pas de 290 ex-combattants tués, mais de 1.600.


Pour lire in extenso l’article de Verdad abierta

En espagnol : ICI

En anglais : ICI


ENQUÊTE DE VERDAD ABIERTA


10 / Réincorporation : le chemin escarpé du retour à la vie légale


Lors du festival Aguas Bonitas se pinta de colores, dans l'Espace territorial de réincorporation d'Aguas Bonitas, dans le département de Caquetá (voir portfolio en bas d'article).


L'Accord de Paix s’est traduit par le désarmement et la démobilisation d'au moins 14.000 anciens combattants des FARC. Cependant, les promesses d'une vie légale, beaucoup plus calme et productive, se heurtent à de multiples obstacles.


« Tout n'a pas été mauvais », reconnaît Yulieth Villa en parlant du processus de réincorporation des ancien.ne.s combattant.e.s des FARC. Pendant plus de dix ans, elle a pris part à la lutte armée. Elle vit désormais à El Oso, un Espace Territorial de Formation et de Réincorporation (ETCR) situé dans la municipalité de Planadas, dans le Tolima, l'un des 24 espaces du pays destinés à renforcer le processus de réintégration intégrale dans la vie civile d'au moins 3 000 anciens guérilleros. Avec l’Accord de Paix, ajoute-t-elle, « en tant que personnes, nous avons eu des opportunités : former un foyer, avoir une nouvelle vie, être proche de nos enfants. D'une certaine manière, cela a été positif pour nous. »

Mais sa vision devient critique lorsqu’elle l’élargit à un champ plus politique : « Parfois, nous nous demandons si nous avons perdu notre temps en combattant avec les FARC. Des vies ont été perdues, beaucoup de sang a été versé. Nous avons risqué nos vies pour que les choses changent, mais avec l’Accord de Paix, au lieu d’avancer, nous avons reculé. » Elle invoque la figure tutélaire de Pedro Antonio Marín, surnommé "Manuel Marulanda Vélez", l'un des fondateurs de l'ancienne guérilla des FARC : « sa lutte concernait l’éducation, la santé, les infrastructures. Et aujourd’hui, si on regarde autour de soi, les besoins sont toujours les mêmes : il manque des écoles, des routes, des postes de santé ».

Une ex-combattante des FARC devant l’Espace Territorial de Formation et de Réincorporation El Oso, dans le Tolima. Photo Elena Bulet, issue d’un reportage sur des femmes engagées pour la paix, « Proyecto Berracas ». VIDEO : https://youtu.be/AW93p5HTp7I


Fredy Escobar Moncada, un ex-combattant diplômé d'université qui poursuit actuellement des activités académiques dans l'une des principales villes du pays, accorde une grande importance à la démobilisation et au désarmement des ex-combattants, qu'il présente comme l'une des principales réalisations de l'Accord de Paix : « Au-delà du projet politique et des aspirations que l'on pouvait avoir en tant qu'organisation, et maintenant en tant que parti politique, la vérité est qu'en Colombie, ces personnes pensent maintenant à autre chose qu’à la lutte armée ». Selon lui, cela contribue « à une société différente, pacifique ; et cela contribue aussi à ce que l'on pourrait commencer à appeler la coexistence, l'harmonie, la tolérance, le respect des différences, l'opposition politique ; sans engendrer d’autres victimes. » Lui aussi est cependant critique sur l’application de l’Accord de Paix. Il estime qu’au lieu d’entamer un processus de réincorporation collective (comme stipulé dans l’Accord), le gouvernement s’est contenté de réincorporations individuelles, ce qui induit une certaine forme de dépolitisation : « l'objectif semble être la dispersion [des ex-combattants] et non la continuité d'une communauté intégrée ».


VIDEO. Dans le département du Putumayo, porte d'entrée de l'Amazonie colombienne, 418 personnes en voie de réincorporation s'engagent pour la Paix, à travers 153 projets productifs (vidéo en espagnol de l’Agence pour la Réincorporation et la Normalisation, agence gouvernementale, 28 septembre 2021).

Selon l'Agence de réincorporation et de normalisation, l'entité responsable du processus de réincorporation des hommes et des femmes qui ont déposé les armes dans le cadre de l'Accord de Paix, 14.708 anciens membres des FARC se sont démobilisés, dont 12.925 sont en cours de réincorporation. Et selon le Conseil de stabilisation et de consolidation, 3.661 projets productifs ont été approuvés à ce jour, dont 101 collectifs et 3.560 individuels, pour une valeur totale de 75.264 millions de pesos, impliquant 7.822 personnes en réincorporation, soit 60,5 % des ex-combattants réincorporés.

Cinq ans après la signature de l’Accord de Paix, les visions sont contrastées en ce qui concerne les processus de réincorporation des ex-combattants. Du côté des bénéficiaires, la reconnaissance des réalisations s’accompagne de critiques, auxquelles l’État oppose des chiffres.




L’ex-guérillero Carlos Grajales s’est lancé dans l’activité brassicole. La Roja, qu’il produit, est surnommée « la bière de la paix ».


Carlos Grajales est passé du combat armé à la présidence de la brasserie artisanale La Roja (surnommée « la bière de la paix »), l'un des plus connus parmi les projets productifs des ex- combattants réincorporés. L'idée de cette brasserie a émergé en 2017 au sein d’un Espace Territorial de Formation et de Réincorporation installé dans la municipalité d'Icononzo, dans le Tolima, en réponse, selon lui, au non-respect de l'Accord par le gouvernement dans le financement de projets productifs viables pour les ex-combattants.

Le processus de mise en place et de développement de cette initiative de brassage n'a pas été facile : « Nous avons obtenu l'argent pour construire l'usine, mais elle n'a pas pu être construite parce que le plan d’occupation sers sols de la municipalité n’autorisait pas une petite activité industrielle. Nous avons cherché à négocier avec le gouvernement et la mairie, mais personne ne nous a aidés. Nous avons alors décidé de nous installer à Bogotá, et donc de quitter l’Espace Territorial de Formation et de Réincorporation », explique Carlos Grajales.

Cet ancien guérillero définit le projet brassicole comme « une association dans la logique de l'économie solidaire », dont les bénéfices sont reversés à des projets territoriaux dans les communautés, notamment la construction de jardins d'enfants : « Cela n'aurait pas de sens d'avoir lutté pendant tant d’années contre le capitalisme pour créer aujourd’hui une entreprise afin que quatre ou cinq d'entre nous deviennent millionnaires. Ce n'est pas notre objectif. »

D’ex-combattants des FARC cultivent la terre. Photo Marcos Guevara / Mission de l'ONU en Colombie


Des obstacles bureaucratiques


Plusieurs obstacles bureaucratiques compliquent l'accès des ex-combattants aux terres productives pour mener à bien leur processus de réincorporation économique et sociale. Une situation préoccupante, compte tenu des origines rurales de beaucoup d'anciens guérilleros qui ont signé l'Accord de Paix. « Avec des projets productifs, nous construisons la paix. Nous avons besoin de la terre pour pouvoir travailler », insiste Joverman Sánchez, un ancien chef de la guérilla qui dirige aujourd’hui un processus de réintégration sociale et économique à Mutatá, dans le département d’Antioquia.

À l’entrée d’un Espace territorial de formation et de réincorporation.


À des centaines de kilomètres de là, vers le sud du pays, l'ancien guérillero Diego Ferney Tovar attire l'attention sur une autre question parmi les plus sensibles du processus de réincorporation : les politiques publiques municipales qui garantissent l'accès aux droits des anciens membres des FARC démobilisés et de leurs familles. Diego Ferney Tovar fait partie d’un groupe d'ex-combattants qui s'est rassemblé dans un Espace Territorial de Formation et de Réincorporation construit dans la municipalité de La Montañita, dans le département de Caquetá. « Aujourd’hui », explique-t-il, « nous sommes exclus de la politique publique de cette municipalité ; nous n’existons pas dans le schéma de planification territoriale. Or, dans l'administration publique, on dit que si vous n'existez pas dans la politique publique de la municipalité, vous n'existez pour aucune institution. Ici, nous avons dû nous battre pour que les gens aient accès au Sisben et le gouvernement local, protégé par le gouvernement national, a eu le culot de dire que nous ne pouvions y avoir droit parce que nous étions signataires de l'Accord de Paix et que nous étions dans un autre programme ! Cela ne concerne pas seulement les signataires de l’Accord, mais aussi leurs enfants : ici, nous avons une population de plus de 100 enfants, et cela limite leur accès aux droits fondamentaux, comme la santé et l'éducation. » [Le Sisben (système d'identification des bénéficiaires potentiels des programmes sociaux) est un outil de l'État qui permet de classer la population la moins favorisée en fonction de ses conditions de vie et de ses revenus, afin de cibler les investissements sociaux et de s'assurer qu'ils sont alloués à ceux qui en ont le plus besoin – NdR]


À l’entrée d’un Espace territorial de formation et de réincorporation.


Pour Fredy Escobar Moncada, ancien guérillero, le processus de réincorporation sociale, économique et politique « a des aspects très positifs qui répondent aux perspectives de mise en œuvre de l'Accord de Paix, mais, évidemment, il y a aussi des aspects plus malheureux ». Ainsi, l'allocation mensuelle ou revenu de base versé aux ex-combattants [une contribution de l'État à hauteur de 90 % du salaire minimum légal en vigueur -NdR] « est très utile, mais pas suffisante pour le retour à la vie civile ». En outre, il estime que peu nombreux sont encore les « projets productifs » « capables de générer des revenus suffisants pour résoudre les problèmes et passer d’une économie de guerre à une économie familiale. »

« La misère et pauvreté menacent la vie dans les Espaces de Réincorporation », ajoute-t-il : « on retrouverait alors les mêmes causes qui ont poussé certains dans la guérilla. Dans le passé, la persistance du conflit armé s’est notamment nourrie de l’échec du retour à la vie civile d’ex-combattants. » Il appelle donc à ne pas reproduire les mêmes erreurs, qui conduiraient à un échec de la politique de paix.


« Il n’y a eu aucune action concrète de transformation ou d'ajustement de la réglementation pour garantir la réincorporation et le passage des hommes et des femmes des FARC à un cadre institutionnel. »

Pastor Alape, ex-commandant des FARC,

membre du Conseil national pour la réincorporation.




L’ex-guérillero Pastor Alape, qui faisait partie du haut-commandement des FARC, et qui fait aujourd’hui partie du Conseil national pour la réincorporation (CNR), assure que le processus de réincorporation « avance, en affrontant et en surmontant de nombreux obstacles liés à un manque d’engagement effectif de la part du gouvernement. » Il reconnaît la consolidation de la plupart des Espaces territoriaux de formation et de réincorporation, malgré les problèmes de sécurité auxquels ont été confrontés certains d’entre eux.

En ce qui concerne les progrès, il reconnaît la permanence de la plupart des ETCR qui, peu à peu, deviennent des centres habités, malgré les difficultés auxquelles ils ont été confrontés, notamment en termes de sécurité. Le village de Gallo, dans le département de Córdoba, a été transféré par décision des ex-guérilleros à Mutatá, dans le département d’Antioquia. C’est aussi à Mutatá qu’ont déménagé en juillet 2020 les habitants du centre d’Ituango, qui faisaient l’objet de menaces. Ceux du centre La Elvira, dans la municipalité de Buenos Aires, dans le Cauca, ont aussi été déplacés et dispersés. Enfin, tout récemment, le 18 novembre dernier, 106 familles signataires de l'accord de paix ont dû, sous la menace de groupes armés, quitter précipitamment leur Espace de réincorporation dans la municipalité de El Doncello, dans le département de Caquetá.


Dans ces conditions, Pastor Alape souligne les initiatives des ex-combattants, qui « ont malgré tout mis en œuvre des processus productifs qui sont reconnus dans le pays. Il y a un sens de l’initiative et une créativité permanente de la part des combattants réincorporés ». Le gouvernement, en revanche, est à la traîne. Pastor Alape énumère une série de lacunes qui, si elles étaient comblées, renforceraient le processus de réincorporation : « Il n'y a toujours pas de terrains pour les projets productifs, qu'ils soient collectifs ou individuels ; il n'y a pas davantage de terrains pour les logements ni de plan de logement ; il n'y a pas de programme concret pour l'éducation, pas de programme pour garantir l'accès aux droits concrets des personnes âgées, des personnes handicapées et des personnes souffrant de maladies coûteuses. »

Il ajoute à cette liste le manque d'accès aux prêts bancaires, un problème qui complique le processus d'intégration économique et qui « rend impossible de développer des activités concrètes dans les associations, dans les processus coopératifs et associatifs. Il n’y a eu aucune action concrète de transformation ou d'ajustement de la réglementation pour garantir la réincorporation et le passage des hommes et des femmes des FARC à un cadre institutionnel. »

Il considère qu'une partie des lacunes du processus de réincorporation est due au démantèlement de l'État. Cinq ans après la signature de l’Accord de Paix, « il y a encore des fonctionnaires qui refusent de comprendre que nous ne sommes pas des citoyens assujettis, mais des citoyens qui avons signé cet Accord de Paix, et qui en sommes protagonistes. »


VIDEO. Les projets productifs des ex-guérilleros des FARC, reportage (en espagnol) de la chaîne publique allemande DW (novembre 2019).


Le concours du secteur privé


Fredy Escobar Moncada et Pastor Alape indiquent que des progrès ont pu être réalisés en intégrant des alliances avec le secteur privé, national et étranger, dans le processus de réincorporation. Le premier souligne la volonté de certains hommes d'affaires de « vouloir aider, d'exprimer leur philanthropie, leur responsabilité sociale », même si cette approche individuelle relègue quelque peu la dimension collective et politique des projets. Dans le département d’Antioquia, Pastor Alape salue le rôle de la Fondation Proantioquia, qui réunit de nombreux hommes d'affaires qui promeuvent des initiatives de développement régional et national, et de la Fédération nationale des producteurs de café. « Mais il faut plus d'aide, plus d'engagement de la part du gouvernement », ajoute-t-il, « pour que le secteur des affaires voie qu'il y a des opportunités, et qu’en établissant des alliances, la paix peut être construite dans les territoires. »


Des informations fournies par l’Agence pour la Réincorporation et la Normalisation [agence gouvernementale dont la mission est de « promouvoir le retour à la légalité de la population démobilisée de manière durable » - NdR] permettent de mieux évaluer la participation des entreprises privées à différents niveaux du processus de réincorporation des anciens combattants des FARC. Elle indique que des contributions ont été reçues « en nature, en financement, en conseil, en alliances commerciales, en vaccination du bétail et en formation » de la part de 24 organisations privées. Un autre type d’aide a été de contribuer à créer des passerelles « entre des formes associatives et les sphères commerciales, financières, productives et organisationnelles par le biais de différents acteurs de la coopération locale, nationale, publique, privée et internationale ». Ce type d’action se traduit, selon l’Agence pour la Réincorporation et la Normalisation, par « un soutien aux procédures de formalisation, aux processus de formation, aux transferts de technologie et aux services financiers. » Enfin, cette agence met en avant le soutien à l'inclusion sociale des ex-combattants signataires de l'Accord de Paix, par la mise en œuvre d'actions visant à sensibiliser le secteur privé aux caractéristiques et aux besoins de la population concernée.


L’espace territorial de formation et de réincorporation Fonseca, dans le département de la Guajira.

Espaces territoriaux de réincorporation dans les départements d’Antioquia et du Nariño,

de Guaviare et de la Guajira.


Le logement, un goulot d'étranglement


Le logement constitue un autre point important des processus de réincorporation. Un programme dont la mise en œuvre s’avère bien problématique, selon Pastor Alape. Depuis l’Espace Territorial de Formation et de Réincorporation d’El Oso, dans le Tolima, où elle vit désormais, Yulieth Villa ironise : « l'État colombien devait théoriquement construire des maisons décentes. Celles dans lesquelles nous vivons maintenant, nous les appelons des boîtes en carton ! Dans la clandestinité, nous avons vécu pire, et on nous a appris à vivre sous des bâches en caoutchouc. Mais dans cette nouvelle réalité de nos vies, nous attendions quelque chose de mieux. » Au début, indique-t-elle, ils avaient été consultés sur le choix des matériaux, et ils avaient opté pour l’adobe et le béton. A l’arrivée, les « maisons » ont été réalisées en superboard, des panneaux de fibres-ciment dont la résistance est pour le moins limitée : « même une pierre peut y passer », dit Yulieth Villa.


L'Agence de Réincorporation et de Normalisation explique que les processus de logement sont menés conjointement avec l'Agence nationale des terres (et doivent passer par trois processus avant d'être mis en œuvre : l'élaboration d'études de préfaisabilité, l'identification des bénéficiaires des subventions et la formulation technique. Selon cette agence gouvernementale, l'université de Medellin a accrédité la viabilité du développement de projets de logement dans six Espaces Territoriaux de Formation et de Réincorporation ; et des études de préfaisabilité sont menées dans huit autres municipalités. Douze autres Espaces de Réincorporation sont toujours en attente de cette étude de préfaisabilité.


Évaluations externes


Au milieu des positions avancées par les ex-guérilleros des FARC et l’agence gouvernementale de réincorporation et de normalisation, se trouvent les entités de contrôle et les organisations de la société civile qui suivent la mise en œuvre de l'Accord de Paix, dont les analyses évaluent les progrès et ce qui reste en suspens.

En août dernier, dans un rapport sur l'état de la mise en œuvre de l'Accord de Paix présenté au Congrès de la République, le bureau du Procureur général a exprimé sa préoccupation quant à la vision de l'Agence de Réincorporation et la Normalisation sur le Système national de réincorporation, un instrument prévu pour suivre le processus de réincorporation des anciens combattants des FARC, qui n’a toujours pas été formalisé cinq ans après l’Accord de Paix. Dès lors, « les actions de l'Agence pour la Réincorporation et la Normalisation continuent de se déployer sans un instrument formel qui garantisse l'accompagnement des institutions compétentes. »

Le ministère public a mis en évidence certaines des réalisations mises en œuvre, comme la réglementation de l'accès au logement, l'approbation de la voie de réincorporation sociale et économique à long terme, la consolidation des Espaces territoriaux de formation et de réincorporation, les processus d'achat de terrains et le développement de projets productifs.

Il réitère cependant « l'appel à garantir un impact et une amélioration de la qualité de vie des personnes en processus de réincorporation et de leurs familles, avec des outils qui permettent de mesurer l'impact des politiques publiques et d'identifier ainsi les aspects à renforcer dans l'offre sociale de l'État ».


Pour lire in extenso l’article de Verdad abierta

En espagnol : ICI

En anglais : ICI


PORTFOLIO


En 2018 et 2019, l’Espace territorial de réincorporation d’Agua Bonita, dans le département de Caquetá, a organisé grâce au soutien de l’Union Européenne, à travers le Fonds Européen pour la Paix, le festival « Agua Bonita se pinta de colores ». Annulé en 2020 pour cause de Covid, ce festival a repris… des couleurs du 22 au 29 août 2021. Photos Óscar Mauricio Santiago et divers.





VIDEO. Le Festival Aguas Bonitas se pinta de colores, en 2019. (Vidéo de l’ONG Alianza para la Paz)


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