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Une fresque de cendres



À Sao Paulo, les cendres d’Amazonie deviennent une fresque géante. L’œuvre d’un artiste activiste, Mundano.


« La ville est grise, avec l’asphalte, la pollution. Nous aussi on est en train de devenir gris ». Artiviste et activiste, Mundano vient de dévoiler à Sao Paulo une immense fresque de 1.000 m2 sur un immeuble tout proche de l’Avenida Paulista, au cœur de la mégalopole brésilienne.

Tranchant avec les couleurs vives des graffitis de Sao Paulo, cette fresque a été réalisée avec des vestiges carbonisés de la végétation luxuriante d’Amazonie et d’autres régions du Brésil. L’œuvre de Mundano représente un soldat du feu, à la fois héroïque et impuissant face à un incendie. « Le pompier de la forêt », est inspiré d’un célèbre tableau du peintre brésilien Candido Portinari (1903-1962), « O Lavrador de Café » (le laboureur du champ de café).

« Cette idée m’est venue d’un sentiment d’impuissance. Cela fait des décennies qu’on voit la forêt brûler, de plus en plus ces dernières années, avec des niveaux record », confie Mundano : « Les feux de forêt en Amazonie, c’est trop loin, personne ne les voit vraiment. L’idée est d’amener les cendres ici pour susciter de l’empathie. » Il dénonce l’incurie des gouvernements successifs, « négligents » et incapables de préserver l’environnement. La situation n’a fait qu’empirer sous la présidence de Jair Bolsonaro : depuis le début de son mandat, en 2019, près de 10 000 km2 ont été déboisés par an en moyenne en Amazonie


Graffeur durant son adolescence, Mundano s’est fait connaître en 2012, en décorant des carrioles de ramasseurs de matériaux recyclables avec des peintures colorées et des messages comme « mon véhicule ne pollue pas ». Début 2020, il avait peint une autre fresque géante, en utilisant des résidus de boue toxique provenant du barrage minier de Brumadinho, dont la rupture tragique en janvier 2019 avait fait 270 morts.


Vidéo (en brésilien, sous-titrée en anglais, 8’46) :

En 2020, Mundano utilise les boues toxiques de la tragédie criminelle de Brumadinho pour créer une relecture de l'œuvre "Operários" (Travailleurs) de Tarsila do Amaral (1933). L'immense panneau est peint dans les rues de São Paulo et constitue un hommage aux victimes de l'exploitation minière.


Photo en tête d’article : Photo EPA.

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