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Systèmes alimentaires : hold-up à l’ONU ?


Dans le cadre des « objectifs de développement durable » adoptés par l’ONU, se tient ce 23 septembre le premier Sommet sur les systèmes alimentaires. De nobles ambitions, contrariées dès le départ par les lobbies de l’agro-industrie ?


« L'alimentation ne se résume pas à ce que nous mangeons. La façon dont nous produisons, transformons et consommons les aliments touche tous les aspects de la vie sur cette planète ». Ce jeudi 23 septembre se tient à New York le tout premier Sommet des Nations Unies sur les Systèmes alimentaires, dans le cadre de la 76e session de l’Assemblée générale des Nations Unies à laquelle assistent depuis mardi de nombreux chefs d’État et dirigeants mondiaux.

Il s’agit en l’occurrence de lancer «de nouvelles actions audacieuses pour transformer la façon dont le monde produit et consomme les aliments», en conformité avec les 17 objectifs de développement durable (ODD) adoptés par l’ONU en septembre 2015 dans le cadre de l’Agenda 2030 (Lire ICI). «Il est temps de changer la façon dont nous produisons et consommons, notamment pour réduire les émissions de gaz à effet de serre», avait déclaré le Secrétaire général de l’ONU António Guterres en convoquant le Sommet pour les systèmes alimentaires : «La transformation des systèmes alimentaires est cruciale pour atteindre tous les objectifs de développement durable. En tant que famille humaine, un monde sans faim est notre impératif.»

Selon la définition de l’ONU, « un système alimentaire durable est un système qui assure la sécurité alimentaire et la nutrition pour tous de manière à ne pas compromettre les bases économiques, sociales et environnementales nécessaires pour assurer la sécurité alimentaire et la nutrition des générations futures. Cela signifie qu'il est rentable tout au long du processus, qu'il assure la durabilité économique, qu'il présente des avantages à grande échelle pour la société, qu'il assure la durabilité sociale et qu'il a un impact positif ou neutre sur l'environnement des ressources naturelles, en protégeant la durabilité de l'environnement. »


"Au bord du précipice"


«Le monde doit se réveiller. Nous sommes au bord du précipice – et nous continuons de nous en approcher», a encore martelé António Guterres mardi dernier à la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies : «Jamais notre monde n’a été aussi menacé. Ou plus divisé. Nous faisons face à la plus grande avalanche de crises de notre existence.» (Lire ICI) Des paroles fortes, assurément. Mais les actes seront-il à la hauteur ? En juillet, plusieurs organisations françaises, dont la Confédération paysanne, ont publié une lettre ouverte qui dénonçait la préparation du Sommet sur les Systèmes alimentaires, organisé en étroit partenariat avec le Forum Économique Mondial de Davos. « Avec l’approbation de l’ONU, se met ainsi en œuvre la stratégie d’influence des principaux groupes agroalimentaires, de technologies de pointes et financiers mondiaux. De plus en plus présents dans des instances alimentaires internationales qu’ils financent largement ou créent de toute pièce, ces groupes ont donné l'illusion d’un consensus salutaire autour des solutions faisant leur fonds de commerce : nouvelles techniques de modification du vivant/nouveaux OGM, numérisation de l’agriculture, viande in vitro, drones-pulvérisateurs, agriculture de précision, agriculture “intelligente face au climat”, etc. », écrivaient les 84 organisations signataires de cette lettre ouverte. Interviewé par TV5 Monde, Jean-François Dubost, directeur du CCFD-Terre Solidaire, parle carrément d’un « hold-up des multinationales de l’agro-industrie et de l’agro-business ».

Agroécologie au Sahel. Photo DR


« Les organisateurs du sommet », poursuivent les signataires de la lettre ouverte, « promeuvent principalement une agriculture «de technologies de pointe», centrées sur des solutions prétendument révolutionnaires et faussement vertes, en contradiction avec l’action de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture http://www.fao.org/food-systems/fr/) et de très nombreuses recherches qui ont montré le rôle essentiel de l’agroécologie paysanne pour répondre aux défis sociaux, alimentaires et environnementaux contemporains. »

Dès 2011, Olivier de Schutter, rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation affirmait : « Si nous voulons nourrir 9 milliards de personnes en 2050, il est urgent d’adopter les techniques agricoles les plus efficaces […] Et les preuves scientifiques actuelles démontrent que les méthodes agroécologiques sont plus efficaces que le recours aux engrais chimiques pour stimuler la production alimentaire dans les régions difficiles où se concentre la faim.»


Isabelle Favre


Organisations signataires de la lettre ouverte : Action Contre la Faim , CCFD Terre Solidaire, Confédération Paysanne, Greenpeace France, Oxfam France, ActionAid France, Agter, Alofa Tuvalu, Artisans du Monde, Attac, Bio Consom’acteurs, CARI (Centre d'Actions et de Réalisations Internationales), CMR (Chrétiens dans le Monde Rural), FADEAR (Fédération Associative pour le Développement de l'Emploi Agricole et Rural – Confédération paysanne), Filière Paysanne, FNAB (Fédération Nationale d’Agriculture Biologique), Générations Futures, Gret, Ingénieur·es sans frontières groupe Agricultures et souveraineté alimentaire (ISF Agrista), Les Amis de la Terre, MIRAMAP (Mouvement Inter-régional des AMAP), RAC (Réseau Action Climat), Réseau Environnement Santé, RESOLIS, SOL - Alternatives Agroécologiques et Solidaires, Terre & Humanisme, Union syndicale Solidaires, WWOOF France


A voir :

« Quel système alimentaire pour demain », émission TV5 Monde, avec Pascal Revault (Action contre la faim) et Jean-François Dubost (CCFD-Terre Solidaire), 21 septembre 2021.


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