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Le chemin tortueux de la paix en Colombie (avant-première)



23 portraits-citations en préambule d’une enquête au long cours.


Pour comprendre, mieux vaut comprendre.

Le 24 novembre 2016, après quatre ans de négociations, l’État colombien et la guérilla des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FRAC) signaient un Accord de Paix censé mettre fin à cinquante ans d’un conflit armé qui aura fait 260.000 morts, près de 100.000 disparus et plus de 6 millions de personnes déplacées de force. « La plus grande catastrophe humanitaire de l’hémisphère occidental », selon les Nations Unies.


Cinq ans plus tard, comment cet Accord de Paix est-il effectivement mis en place, ou intentionnellement saboté par le gouvernement du président Ivan Duque ? Qu’est-ce qui avance ? Qu’est-ce qui reste en rade ? Pourquoi la violence reste-t-elle aussi prégnante sur certains territoires, avec des chiffres record d’assassinats de leaders sociaux et indigènes ?


Du 29 novembre au 8 décembre, les humanités vont publier, en 14 épisodes, une enquête au long cours menée par la plateforme d’information Verdad Abierta (Vérité Ouverte). Une plongée passionnante dans les arcanes des mécanismes et outils cet Accord de Paix, avec de nombreux témoignages d’acteurs et témoins d’un processus complexe, entre espoirs et désillusions.


En 23 portraits-citations, voici un bref aperçu de cette enquête à venir :

« Que devons-nous et pouvons-nous vraiment dire au pays, dans une perspective de compréhension de ce qui nous est arrivé pour avoir atteint une telle dimension de destruction humaine ? »

Le père jésuite Francisco de Roux, président de la Commission pour la clarification de la vérité.



« Le processus de négociation avec le gouvernement a été principalement dû à l'enracinement, à l'autonomisation et à la lutte des femmes en Colombie qui, par le biais de leurs organisations, ont exercé une forte pression avec des propositions claires d'inclusion. »

Manuela Marín, ex-combattante des FARC, membre du parti politique Comunes.




« Si je dois y laisser la vie, je préfère que ce soit debout plutôt qu’à genoux ».

Maydi Salceno, paysanne-militante, représentante de l'Association municipale des travailleurs de Piamonte, dans le Cauca colombien.






« La démobilisation des FARC-EP n'a pas entraîné la présence intégrale de l'État dans les zones précédemment sous leur contrôle ».

Michel Forst, rapporteur spécial de l'ONU sur la situation des défenseurs des droits de l'homme



« La signature de l’Accord de Paix a généré beaucoup d'attentes et beaucoup de désir. (…) Avec le président actuel, l'Accord est déchiré en lambeaux.»

Ana Deida Secué, leadere indigène du peuple Nasa.




« Alors que dans le pays, on parlait de paix, dans nos territoires, les menaces, les assassinats sélectifs et les massacres sont vite revenus ».

Juan Manuel Camayo, de l'Association des conseils indigènes du Cauca du Nord







« La signature de l'Accord de Paix n’a pas résolu les problèmes structurels de disputes de territoires et de pouvoir. (…) L'accord de paix ne peut être mis en œuvre au coup par coup, car il est global. »

Camilo González Posso, président de l’Institut d'études sur le développement et la paix (Indepaz)










« il y a une dégradation en termes de types de violence contre les communautés civiles, qui sont plus durs que ceux qui existaient avant la négociation de paix ».

Kyle Johnson, chercheur à la Fondation Conflict Responses.












« La fin du conflit avec les FARC n'a fait que servir les intérêts des groupes du crime organisé. »

Jorge Restrepo, directeur du Centre de ressources pour l'analyse des conflits.







« Le Rapport final de la Juridiction pour la Paix devra reconnaître qu'il y a eu une criminalité d'État et qu’il ne s’agit pas d'événements isolés ou de brebis galeuses. »

Adriana Arboleda, porte-parole du Mouvement national des victimes de crimes d'État.



Exécutions « extra-judiciaires, faux positifs » : « Quand la juridiction Spéciale pour la Paix a avancé le chiffre de 6.402 cas documentés, cela a prouvé qu'il ne s'agissait pas de cas isolés ».

Jacqueline Castillo, représentante des Mères de faux positifs de Soacha et Bogota. Photo Carlos Saavedra



« Ce qui est en jeu, c'est la capacité de l'État colombien, à garantir des poursuites pertinentes, alors que nous parlons de centaines de milliers de victimes. »

Maria Camila Moreno, directrice en Colombie du Centre international pour la justice transitionnelle.





« Il est essentiel de reconnaître que tous les acteurs armés ont perpétré des violences sexuelles ; qu'il s'est agi d'une pratique intentionnelle et systématique, qui se nourrit du patriarcat et a affecté les femmes de manière ciblée. »

Juliana Ospitia (au centre de la photo), de l'organisation Sisma Mujer




« Dans le seul département d’Antioquia, par exemple, il y a 36.000 personnes qui sont toujours portées disparues à ce jour. L'un des grands problèmes de l'unité de recherche [des personnes disparues] est qu'elle n'a pas de stratégie de recherche claire »

Diana Arango, directrice d'Equitas, une organisation qui se consacre à la localisation des personnes disparues.


« Aujourd'hui, la Colombie est un meilleur pays pour les LGBT parce qu'il existe une structure étatique engagée dans la paix et que des espaces de participation ont été créés dans les territoires de conflit où, historiquement, nous ne pouvions pas être ou vivre ; même si, structurellement, la Colombie, en raison du manque d'engagement du gouvernement, continue d'être un pays où les préjugés, l'homophobie et la transphobie sont encore répandus. »

Wilson Castañeda (au centre de la photo), d'Affirmative Caribe, défenseur des droits des personnes LGBT





«Nous avons fini par participer à la fin du plan-cadre de mise en œuvre, entre les mois de septembre et décembre 2017, mais ce fut le résultat de la minga indigène et afro-descendante qui a bloqué la route panaméricaine et a forcé le gouvernement à nous faire participer au processus».

Helmer Quiñones, coordinateur de l'équipe consultative de l'Instance spéciale de haut niveau avec les peuples ethniques.









« Les effets sur les communautés indigènes ne se limitent pas à cinquante ans de conflit armé, mais plongent leurs racines dans une tradition de colonisation et d'exclusion des peuples et des communautés indigènes. »

Feliciano Valencia, indigène Nasa et sénateur de la République pour le Mouvement alternatif indigène et social (MAIS).



« Il est faux de dire que les peuples indigènes exigent que l'État achète et leur attribue des millions d'hectares, car nous avons déjà l'usage et la possession de nombreuses zones qui ne demandent qu'à être officialisées ».

Camilo Niño, écologue, leader du peuple Arhuaco, secrétaire technique de la Commission nationale des territoires indigènes.






« La garde indigène a reçu des bottes, des radios, des gilets. Des choses utiles pour l'usage quotidien, mais ce n'est pas suffisant pour affronter les dynamiques adverses qui existent dans nos territoires. »

Edwin Mauricio Capaz, l'un des porte-parole du Conseil régional indigène du Cauca.










« Si nous pouvons avoir des projets productifs, nous construisons la paix »

Joverman Sánchez, ancien chef de la guérilla qui dirige un processus de réintégration sociale et économique dans le département d’Antioquia.



« Ce gouvernement a déclaré dès le début qu'il n'était pas d'accord avec la substitution volontaire des cultures illicites et a dit qu'elle ne serait pas l'une de ses principales politiques dans la lutte contre la culture de la coca. Pour cette raison, il n'a pas alloué les budgets nécessaires au Programme de substitution volontaire des cultures illicites. (…) Ce qu’il faut, c'est un gouvernement qui ait la capacité de comprendre que les paysans ne sont pas des criminels, qu'ils sont des sujets de droit et qu'il faut allouer un budget pour les sortir de la situation dans laquelle ils se trouvent actuellement. »

Arnobis Zapata, porte-parole de la Coordination nationale des cultivateurs de coca, de pavot et de marijuana.


« Ceux qui ont porté la bannière d'une meilleure qualité de vie sont les leaders sociaux. Ils et elles continuent à être assassinés parce qu'ils ont des revendications justifiées ».

Diana Sanchez, directrice de l'association MINGA.


« Beaucoup de sang a été versé, et lorsque nous regardons où nous en sommes maintenant, nous ne trouvons pas de réponses. Nous risquions nos vies pour un changement et ils sont venus inventer un accord de paix pour un changement et au lieu d'avancer, nous avons reculé. »

Yulieth Villa, 30 ans, ex-combattante des FARC.





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