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Dans le match Colombie-Droits de l’homme, la Colombie gagne avec 87 morts et 326 "disparus".


Photo Fernando Vergara / Associated Press


Le président colombien Iván Duque se contrefout des conclusions (accablantes) de la Commission interaméricaine des Droits de l’homme sur les multiples violences policières qui ont ensanglanté le pays depuis le 28 avril. Normal, pour un corrompu de première, qui se bat pour accélérer le réchauffement climatique, encourager le paramilitarisme et le narcotrafic (ces deux frères siamois) et servir ainsi les intérêts sonnants et trébuchants de quelques multinationales sans foi ni loi, dont le français Casino.


La jeune Alison Meléndez, 17 ans, qui a mis fin à ses jours après avoir été arbitrairement arrêtée le 13 mai en marge d’une manifestation à Popayán, puis violée par quatre policiers pendant les onze heures qu’aura duré le martyr de sa détention ? (Lire ICI et ICI)

Lucas Villa, froidement abattu de huit balles dans la tête, lui aussi en marge d’une manifestation, le 5 mai à Pereira ? (Lire ICI)

Et tant d’autres jeunes, parmi lesquels Sebastián Quintero Múnera, 22 ans, tué à Popayán par une grenade assourdissante reçue en plein cou ; Santiago Murillo, 21 ans, tué à Ibague ; Nicolás Guerrero, un jeune artiste de 22 ans, tué à Cali le 2 mai, Sebastián Jacanamijoy, étudiant à l’Université del Valle, membre de la communauté Inga, tué le 29 mai à Cali par des civils armés, etc. (Paroles des morts, lire ICI).


L’usage par les brigades anti-émeute d’une arme de guerre, le Venom, lors d’opérations dites de « nettoyage social » ? (Lire ICI)

La présence de groupes paramilitaires, dits « d’autodéfense », chargés de réprimer la protestation sociale dans au moins 27 villes de Colombie, dénoncée par Justicia Especial para la Paz 1? (lire ici en espagnol sur le site d’El Nuevo Siglo, 01/07/20121)

Les civils armés, protégés par des policiers, qui ont tiré à balles réelles sur des manifestants, notamment lors d’une manifestation pacifique de la communauté indigène dans le Cauca, le 10 mai (voir vidéo) ou à de multiples reprises à Cali ?

Les multiples attaques et menaces contre des membres du corps médical, d’associations de droits de l’homme et de journalistes ?


Encore plus inquiétant, les 346 personnes « disparues » (selon les chiffres de l’ONG Indepaz, 327 selon le Groupe de travail sur les disparitions forcées de la Coordination Colombie, Europe, Etats-Unis, qui regroupe 23 organisations de défense des droits de l'homme, lire ICI) depuis le 28 avril dernier, où a commencé la grève nationale ?

La réponse du président colombien Iván Duque : Circulez, il n’y a rien à voir. Ou encore, comme on l’a déjà écrit: la Déclaration universelle des Droits de l’homme, on s’en torche le cul…


Le viol d’Alison Meléndez ? Un seul des quatre policiers incriminés fait l’objet d’une « enquête ». (A ce jour, toutefois, la cellule d’investigation des humanités admet ne pas avoir trouvé de traces de sperme dans les couches-culottes d’Ivan Duque).

Le meurtre de Lucas Villa ? L’enquête a été bâclée, des preuves ont été détruites, les assassins n’ont toujours pas été identifiés alors même qu’a été photographiée la plaque d’immatriculation de leur véhicule. Selon l’ONG Eisenhower Zapata, citée par le quotidien El Tiempo (16/06/2021), Lucas Villa aurait été tué sur ordre du groupe narco-criminel "La Cordillera", allié à des policiers 2. (A ce jour, toutefois, la cellule d’investigation des humanités précise que les douilles retrouvées sur le lieu du crime ne portaient pas la marque de l’armée vénézuélienne).

Les civils armés qui tirent sur les manifestants ? Ils en ont le droit. Ils agissent en état de « légitime défense » pour défendre leurs biens et leur quartier, selon la sénatrice María Fernanda Cabal, l’une des plus fanatiques égéries de la secte uribiste qui dirige le pays. (A ce jour, toutefois, la cellule d’investigation des humanités indique que les preuves de la pleine santé mentale de Madame María Fernanda Cabal n’ont pas encore été attestées par les experts-psychiatres).

Les centaines de disparitions (pour la plupart, des jeunes gens arrêtés par la police) ? Alors que deux charniers ont d’ores et déjà été découverts près de Cali, laissant penser que de multiples exécutions sommaires ont été perpétrées par les forces de police, le gouvernement colombien refuse de parler de disparitions, mais de « personnes non localisées » (personas no localizadas). (A ce jour, toutefois, la cellule d’investigation des humanités n’exclut pas que les disparu.e.s en question aient pu être enlevés par des commandos de terroristes extraterrestres et envoyés vers Pluton à bord de cigares volants fabriqués à Cuba).

A Cali, fresque murale en hommage à José Alberto Tejada, journaliste de Canal 2.


Les agressions et menaces contre des journalistes ? Silence radio. La Fondation pour la Liberté de la Presse a pourtant recensé, depuis le début du conflit, 235 attaques contre la presse, dont plus de la moitié commises par des agents de la force publique (lire ICI et ICI). Quand ce n’est pas la force publique, des paramilitaires se chargent de la « sale besogne ». Dernier cas en date, révélé le 8 juillet par Infobae qui cite l'équipe juridique humanitaire et la commission inter-églises de Justicia y Paz : José Alberto Tejada et Jhonatan Buitrago, journalistes de Canal 2 à Cali, déjà visés par des tirs de la police anti-émeutes alors qu’il étaient clairement identifiés comme journalistes, font aujourd’hui l’objet d’un « contrat » de 30 millions de pesos (environ 6.500 €) pour les faire taire (en clair, les assassiner). (A ce jour, toutefois, la cellule d’investigation des humanités vérifie que la carte de presse de José Alberto Tejada ne soit pas un faux document fabriqué par la Corée du Nord).


Et de sérieuses menaces pèsent désormais sur l’opposition politique au régime uribiste d’Ivan Duque. Selon Richard Maok Riano Botina, ex-agent des services secrets colombiens désormais réfugié au Canada (dont les sources sont jugées fiables par plusieurs interlocuteurs des humanités), le parti Colombia Humana de Gustavo Petro (en tête des sondages pour la prochaine élection présidentielle) est désormais qualifié d’«objectif militaire» par le clan Uribe. En gros : tous les coups sont permis, surtout les plus tordus. Soupçons confirmés par le sénateur Gustavo Bolivar, l’un des plus constants à dénoncer les liens entre le clan Uribe et le narcotrafic, qui vient de faire état de menaces de mort précises contre lui-même et ses enfants. (A ce jour, toutefois, la cellule d’investigation des humanités n’a pu établir avec certitude que le parti de Gustavo Petro ne serait financé par le cartel de La Havane, financé par le commerce de rhum de contrebande, mélangé à du pétrole frelaté provenant des raffineries du Venezuela).

Etc, etc. Dans sa dernière recension, en date du 26 juin, l’ONG Temblores enregistre au moins 4 687 cas d'actes violents de la part des forces publiques entre le 28 avril et le 26 juin 2021, parmi lesquels 44 homicides imputés à des agents de la Force Publique (29 autres homicides font l'objet d'un processus de vérification), 617 victimes de violence physique, 228 victimes de coups de feu, 28 victimes de violences sexuelles, 784 interventions violentes dans le cadre de manifestations pacifiques et 2 005 détentions arbitraires contre des manifestants (Lire ici, en anglais, sur le site de l’ONG WOLA, Advocacy for Human Rights in the Americas).

Faut-il en rejouter ? La coupe est pleine. En Colombie, le « gouvernement des assassins » (Lire ICI) perpétue en toute impunité « le massacre des innocents » (Lire ICI). En toute impunité ? Voire…

La Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH), qui s'est rendue entre le 8 et le 10 juin à Bogotá, Cali, Popayán, Buga et Tuluá, vient de rendre un rapport plutôt accablant pour le gouvernement d’Ivan Duque.


Dans une déclaration enregistrée, Antonia Urrejola, présidente de la CIDH, confirme les accusations de violation des droits de l’homme, qui pourraient ouvrir la voie à un procès pour crimes contre l’humanité devant la Cour internationale de justice de La Haye, à l’encontre d’Iván Duque et de sa clique. La CIDH assortit son rapport de 41 recommandations pour garantir la protestation sociale et le respect des droits de l'homme. A l’exception notoire de la France d’Emmanuel Macron, soutien indéfectible du régime narco-criminel d’Iván Duque et Alvaro Uribe (pour mémoire, la France est le septième marchand d’armes auprès de la Colombie, lire ICI), la communauté et la presse internationales ont repris le rapport de la CIDH. Aux États-Unis, le 7 juillet dernier, treize sénateurs, avec à leur tête le démocrate Bob Menendez et le républicain Marco Rubio, ont exprimé leur soutien à la Commission interaméricaine des droits de l'homme, et ont écrit à Joe Biden pour demander de réexaminer le soutien politique, militaire et financier des États-Unis à la Colombie. Par ailleurs, sur proposition du démocrate Jim McGovern, vice-président de la commission des Droits de l’homme au Congrès américain, une commission a voté en faveur d'une approbation conditionnelle de l'aide américaine aux forces de sécurité colombiennes, portant sur 64 millions de dollars (l’aide totale allouée chaque année par les États-Unis à la Colombie est supérieure à 450 millions de dollars, officiellement sous couvert de lutte anti-drogue), qui ne serait versée que si les autorités colombiennes enquêtent et sanctionnent efficacement les violations des droits de l'homme commises par les forces de sécurité. Cette proposition doit encore être approuvée par un vote de la Chambre des représentants et du Sénat, mais Jose Miguel Vivanco, directeur pour les Amériques de Human Rights Watch, a d’ores et déjà estimé que c’était une "excellente nouvelle". (Lire en anglais, sur le site de Colombia Reports). A ce jour, Duque et son ministre de la Défense n’ont pas réagi.

Le président colombien Ivan Duque, surnommé « Porky » (ce qui n’est pas gentil pour les cochons).


Sans doute en faut-il plus pour impressionner le président colombien, et derrière lui, les multinationales et les cartels de la drogue qui ont financé sa campagne électorale. Sans prendre de gants, Duque a expéditivement rejeté les conclusions et recommandations de la CIDH, au motif que « personne ne peut recommander à un pays de tolérer des actes de criminalité ». Il ne parle évidemment pas des crimes de la police colombienne, mais du « vandalisme terroriste », financé selon lui (sans le moindre début de preuve depuis plus de deux mois) par le Venezuela avec le soutien d’organisations criminelles, telles que des groupes de narco-trafiquants et des mouvements de guérilla dissidents des FARC. Sans prendre la peine de commenter un seul des faits établis par la CIDH, Duque coupe le cheveu du vocabulaire en quatre : quand le rapport de la CIDH parle de « barrages routiers » (les « points de résistance » établis par les jeunes de Primera Linea), il répond obsessionnellement par le mot de « blocages » qui serait, selon ses dires, un « délit criminel » au regard de la Constitution colombienne. C’est le même argument depuis plus de deux mois : les actes de vandalisme, les actes de terrorisme urbain de basse intensité, les blocages, menaceraient les droits des citoyens, justifiant ainsi le recours (disproportionné) à la force publique. Il répète à l’envi que le gouvernement respecte les manifestations « pacifiques ». Mais c’est quoi, selon Iván Duque, une manifestation « pacifique » ? C’est une gentille marche, où chacun peut afficher le slogan qui lui chante (par exemple : droit à l’éducation, droit à la santé, droit à la dignité), après quoi chacun rentre chez soi comme si de rien n’était, et tout continue comme avant. Une règle de soumission que n’a précisément pas respectée le Paro nacional. De toute façon, pour l’inoxydable sénatrice uribiste María Fernanda Cabal, "le Paro nacional n’est pas une grève, mais une prise de pouvoir par la guérilla financée par le trafic de drogue."


Dilan Cruz, abattu par la police à Bogota, lors des manifestations étudiantes de novembre 2019.


Éloge des vandales


Vandalisme ? Il est temps de restaurer l’honneur des Vandales. Au Vème siècle de notre ère, les sujets du royaume des Vandales et des Alains, fondé par le roi Genséric en 435, étaient beaucoup plus instruits que les soldats romains et les chrétiens nicéens qu’ils combattaient. Ils sont même alors considérés comme des «patrons du savoir» : sous leur règne, les grands projets de construction se poursuivent, les écoles prospèrent et l’Afrique accueille de nombreux écrivains et des scientifiques de la nature parmi les plus novateurs de la fin de l’Empire romain d’Occident. C’en était trop pour les propagandistes dudit Empire romain, qui ont réussi à ce que le terme de « vandale » soit, aujourd’hui encore, si négativement connoté (sur l’histoire du Royaume vandale, voir notice Wikipedia).

En Colombie, aujourd’hui, quasiment un tiers des jeunes âgés de 14 à 28 ans n’ont accès ni à un emploi ni à des études. Pour l’essentiel, voilà qui sont les vandales de la Primera linea, qui demandent éducation et emploi, et qui chaque soir, notamment à Cali, s’affrontent aux Robocop de l’Esmad, au risque d’y laisser la vie. Voilà quelle est cette génération que le régime uribiste veut maintenir dans la précarité et l’ignorance, pour continuer à profiter des ressources du narcotrafic, mais aussi des exploitations minières généreusement concédées à des multinationales sans foi ni loi.

A toutes fins utiles, il est utile de rappeler que l’expression « Primera linea » est apparue en Colombie lors des manifestations de novembre 2019, après qu’un jeune homme de 18 ans, Dilan Cruz, ait été abattu par la police à Bogota (A lire ici en anglais, sur le site de Colombian Reports). Avec les mouvements de Primera linea, la jeunesse colombienne manifeste aujourd’hui son état de légitime défense : vive ce vandalisme-là !, parce que comme le dit María Fernanda Cabal, psychopathe de service de l’uribisme (et candidate déclarée à la prochaine élection présidentielle), le droit à la vie, c’est sacré (même pour la jeunesse de rien, et pas seulement pour la bourgeoisie catholique-pour-la-forme (en Colombie, ils appellent ça «la gente de bien») qui se remplit les poches à force de narco-pesos.

Illustration : Andrea Castañeda (à Cali).


Le 15 juin dernier, le Comité national de grève a suspendu le Paro nacional et levé les barrages routiers qui bloquaient en partie certaines villes du pays, afin d’ouvrir la voie avec la possibilité d’un dialogue social avec le gouvernement. Peine perdue : en trois semaines, le président colombien aurait pu profiter de cette « accalmie » pour chercher une sortie de crise avec les organisations syndicales, indigènes et de jeunesse, et répondre un tant soit peu aux revendications portant sur l’éducation, la santé et la dignité. Que nenni : ce laps de temps, il l’a gentiment utilisé pour relooker la réforme fiscale (reforma tributaria), qui, comme par hasard, a mis le feu aux poudres au sein d’une population que la crise sanitaire a rendu financièrement exsangue, et pour annoncer une nouvelle loi « anti-vandalisme » censée protéger les « manifestations pacifiques » (c’est décidément une obsession).

L’hymne de la République de Colombie.


Ces deux projets de loi doivent être présentés au Parlement colombien le 20 juillet prochain qui sera, à n’en pas douter, jour de haute tension : le 20 juillet est date-anniversaire de l’indépendance de la Colombie, dont l’hymne dit notamment : « L'horrible nuit a cessé !/Une liberté sublime/inonde les aubes/de sa lumière invincible./L'ensemble de l'humanité,/qui gémit dans les chaînes,/comprend les mots/de celui qui est mort sur la croix./"Indépendance !" crie/le monde américain/le sang des héros baigne/la terre de Colomb./Mais résonne ce grand principe :/"Le roi n'est pas souverain"/et ceux qui souffrent, Bénissez sa passion. »


Ce 20 juillet, donc pendant que le Parlement débattra de lois à nouveau iniques et liberticides, la centrale syndicale unitaire de Colombie (Central Unitaria de Trabajadores, CUT), appelle à de nouvelles manifestations dans tout le pays. Pour le président de la CUT, Francisco Maltés, « Il n’y a eu aucun dialogue avec le gouvernement, et cela montre que le verbe négocier n'est pas dans l'ADN de ce gouvernement » (Voir Communiqué Comité nacional de Paro). Les communautés indigènes devraient à nouveau se mobiliser dans tout le pays, notamment à Cali, où est prévue une marche massive. Lors d'un Conseil de sécurité extraordinaire, le ministre de la Défense, Diego Molano, et le directeur de la police Jorge Luis Vargas, ont d’ores et déjà pris les devants, en annonçant une présence renforcée de l’armée et de l’ESMAD, sur foi de mystérieux «renseignements» qui attesteraient «qu'un groupe de personnes participant aux blocages va vandaliser la capitale du Valle del Cauca», groupe naturellement financé par «des dissidents de l'ELN et des FARC» (toujours la même antienne). (Selon la cellule d’investigation des humanités, ces futurs actes de vandalisme seraient en fait financés par la branche colombienne d’Al Qaida, avec le soutien du Mossad et de l’Ambassade d’Israël, information non confirmée à ce jour).

Iván Duque a renchéri : « Derrière nombre de ces blocages se cache un intérêt criminel évident visant à affecter et à saboter l'économie et le développement social. Nous avons donné des instructions à tous les niveaux des forces de sécurité dans les territoires colombiens avec les maires et les gouverneurs pour qu'ils déploient la capacité opérationnelle maximale » (Lire ICI)


COMPLÉMENTS D’INFORMATION


Colombie et Covid.

La Colombie est actuellement le troisième pays d'Amérique du Sud qui enregistre le plus grand nombre de décès cumulés par million d'habitants. En outre, les nouveaux cas d'infection restent supérieurs à 20 000 par jour. Ce "troisième pic" a dépassé les capacités du système de santé et les unités de soins intensifs (USI) sont en nombre insuffisant. Bogota, la capitale, ne compte que 8,3 % de lits inoccupés. Le président Iván Duque a trouvé un coupable idéal : le Paro Nacional. La désinformation va bon train. Heureusement, les épidémiologistes José Moreno Montoya, Laura Andrea Rodríguez Villamizar et Álvaro Javier ont montré que dans plusieurs villes, comme Bogotá, Medellín et Barranquilla, les manifestations n'ont eu aucun effet sur l'augmentation des cas de Covid. En revanche, la précarité pourrait être un facteur aggravant : l'année dernière, 3,5 millions de personnes sont tombées dans la pauvreté et 2,7 millions dans l'extrême pauvreté. 10 % des ménages colombiens ne peuvent plus s’offrir qu'un seul repas par jour. (Source : Washington Post)


Effacement des couleurs.

Dimanche 4 juillet, notamment à l’appel de Andrés Escobar, identifié pour avoir tiré sur des manifestants à Cali, désormais réfugié à grands frais dans un motel de Miami -et nullement inquiété par la justice colombienne-, des militant.e.s uribistes, vivement encouragé.e.s par María Fernanda Cabal, déjà mentionnée, et protégé.e.s par la police, ont recouvert de peinture grise un certain nombre de fresques murales réalisées à Cali pendant le Paro nacional. Ils ont notamment effacé la fresque en hommage à Alison, violée par quatre policiers à Popayán. Ils ont également souillé de peinture noire la statue de Jovita Feijoó, alias « la reine des reines », au sein du Parc Des Étudiants, symbole de la culture populaire à Cali. Mais là, ce n’est pas du vandalisme, mais de la légitime défense. CQFD.

Les « gens bien », comme s’auto-proclament les dévots de la secte uribiste (qui, naturellement, vont à confesse tous les dimanches ; ceux qui n’adhèrent pas à la secte sont forcément des « vandales ») n’aiment pas trop les couleurs, ça leur donne des boutons. Mais pis encore, des slogans qui réclament justice, dignité, ou qui demandent la fin du génocide ; là, c’est carrément l’urticaire : pour María Fernanda Cabal, dont on n’a pas fini de parler, ce sont des « messages de haine ».

Mais il y a un hic, non prévu par les uribistes : « la mémoire ne s’efface pas », comme le proclame une fresque. Samedi 10 juillet, des centaines de personnes et d’artistes urbains de Cali ont redonné des couleurs aux murs précédemment repeints en gris. (Lire ICI)


« Attentat » contre Iván Duque.

Le 26 juin, l’hélicoptère à bord duquel se trouvait le président Iván Duque aurait été la cible, à Cúcuta, près de la frontière vénézuélienne, d’un lâche « attentat ». Informations complaisamment diffusée par toute la presse internationale (notamment française), alors que de simples vérifications d’usage laissent penser qu’il s’agit d’une mise en scène: autrement dit, une fake news (Lire ICI). Mais l’enquête va bon train. Après avoir diffusé les «portraits-robots» (ci-dessus) des deux supposés auteurs de « l’attentat » (dont l’un ressemble furieusement à Mark Zuckerberg, le patron de Facebook), les autorités colombiennes ont livré des révélations « fracassantes ». Attention, le conditionnel est de rigueur : « L'attaque contre Iván Duque aurait été planifiée par Carlos Eduardo García Téllez, alias Andrey, sous-chef du Frente 33, entité dissidente des FARC, avec l’appui de Robinson Navarro Flórez, alias Alfred ». L’opération «aurait été financée par un tiers, encore non-identifié».

Bon, c’est curieux, la seule image diffusée de Carlos Eduardo García Téllez ne correspond aux portraits-robots précédemment divulgués. Erreur de casting ?


VIDEO. Reportage de TV San Jorge (janvier 2018, 43’) sur Frente 33, entité dissidente des FRAC (en espagnol)


La Colombie contre le réchauffement climatique ?

Le 19 juin 2019, Emmanuel Macron recevait à l’Élysée le président colombien Iván Duque (VIDEO). Quelques semaines plus tard, le 23 septembre 2019, à l’assemblée générale de l’ONU, le Président français félicitait son homologue colombien pour son engagement dans la lutte contre le réchauffement climatique. Au bal des hypocrites, les faux-culs sont les premiers de cordée.

Qu’en est-il exactement ?

Sous le règne d’ Iván Duque, la déforestation en Colombie a progressé de 8% en 2020. (Source : TV5 Monde, 08/07/2021). Sur cette seule année, la Colombie a perdu 1 718 km2 de forêt, l'équivalent de la superficie de Bogota ! Selon Francisco Cruz, vice-ministre de l'Environnement, cette déforestation est due à l'influence croissante des guerillas. Ah oui, vraiment ? Il faut être aussi stupide (ou cynique) que Macron pour avaler de tels bobards!


Par exemple : le 2 juillet dernier, Iván Duque a reçu en grandes pompes, lors de #CongresoPalmero2021, les représentants de la puissante Fédération nationale des producteurs d’huile de palme (Fedepalma), dont plusieurs entreprises ont été condamnées ces dernières années pour extorsion de terres, violation des droits de l’homme et alliance avec des groupes paramilitaires (Source : Colombia plural). La culture d’huile de palme est passé de 150 000 hectares en 1998 à 590 000 hectares aujourd’hui, comme par hasard dans les régions où les groupes paramilitaires sont les plus présents (Bolivar, Cesar, Casanare, Magdalena, Nariño, Santander, Meta, Chocó, Antioquia...).


Le 6 juillet dernier, Iván Duque a reçu en tout aussi grandes pompes, accompagné du ministre des mines et de l'énergie Diego Mesa Puyo, de la vice-ministre des mines, Sandra Sandoval Valderrama, et du ministre de la défense, Diego Molano Aponte, une délégation de la multinationale chinoise Zijin-Continental Gold, qui exploite la mine d’or de Buriticá (photo ci-contre), plus grande mine d’or à ciel ouvert au monde, dans la région de Medellin où là encore, comme par hasard, les groupes paramilitaires sont loin d’avoir désarmé. Sans rire, les dirigeants de Zijin-Continental Gold se vantent de « préserver l’environnement » (photo ci-dessus)


La présence en Colombie du Groupe Casino.

En maintenant, malgré les preuves de violation des droits de l’homme et bientôt de crime contre l’humanité, la coopération politique et militaire de la France avec le gouvernement d’Iván Duque, Emmanuel Macron cherche avant tout à « protéger » certains intérêts français. En premier lieu, ceux du Groupe Casino de Jean-Charles Naouri, énarque figurant en 2019 au 180e rang des plus grandes fortunes françaises, avec un patrimoine évalué à 500 millions d’euros, à la tête d’un groupe où figurent Casino, Monoprix, Franprix, Leaderprice, Cdiscount, Go Sport mais aussi… Naturalia. Le Groupe Casino (chiffre d’affaires 2020 : 31,9 milliards d'euros) est numéro un de la distribution alimentaire au Brésil, en Colombie, dans l’Océan Indien et au Vietnam. En Colombie, le Groupe Casino est actionnaire majoritaire de la chaine Exito, dont l’un des magasins, à Cali, est soupçonné d’avoir fait office de centre de torture de la police anti-émeute. Le Groupe Casino, qui contrôle 43 % du marché de la grande distribution en Colombie, réalise près de la moitié de son chiffre d’affaires en Amérique du Sud (Colombie, Brésil, Uruguay).

Le parcours de Jean-Charles Naouri est intéressant. Ni de droite, ni de gauche (comme Macron), cet inspecteur général des finances (comme Macron) a été directeur de cabinet du ministre de l’économie socialiste Pierre Bérégovoy. A ce poste, il a été l’architecte principal de la dérégulation des marchés financiers. Il lance le mouvement qui aboutira aux fameux produits dérivés à l’origine de la crise de 2008, censés être des produits d’assurance mais qui sont devenus des produits de spéculation pure en permettant de vendre des produits sans les posséder ou de les acheter sans avoir la liquidité pour les payer. Après cette belle œuvre, qui ouvre la France aux horizons radieux de la financiarisation de l’économie, il entre à la banque Rothschild (comme Macron) puis crée un fonds d’investissement et place des « cost killer » à la tête d’entreprises comme Moulinex, où 2300 postes sont supprimés. C’est en toute logique qu’il devient ensuite P-D.G. du Groupe Casino, qui a fait de lui un milliardaire. L’un de ses plus éminents conseillers est Alain Minc, proche de l’Élysée…

Le Groupe Casino, dont Jean-Charles Naouri est le P-D.G., a été assigné en justice en mars dernier par onze organisations de défense de l'environnement, et de populations indigènes d'Amazonie, pour sa responsabilité dans la déforestation de l'Amazonie avec la vente de viande issue d'élevages extensifs au Brésil et en Colombie. (Source : France Bleu Saint-Etienne Loire et GoodPlanet Info).

(Selon la cellule d’investigation des humanités, l’Élysée se serait engagé auprès de Jean-Charles Naouri pour épauler sa défense. En contrepartie, le Groupe Casino se serait -discrètement- engagé à soutenir la prochaine campagne électorale d’Emmanuel Macron).

La sénatrice uribiste María Fernanda Cabal et son mari, Jean-Felix Lafaurie,

le patron de la très puissante Fédération nationale d’éleveurs de bétail.


Ajoutons que le commerce ou le trafic de viande n’est étranger ni au clan uribiste, ni au trafic de drogue et au paramilitarisme. Sur ce marché corrompu, le Groupe Casino ne pourrait faire grand-chose en Colombie sans l’aval de Jean-Felix Lafaurie, le patron de la très puissante Fédération nationale d’éleveurs de bétail (Fedegán), par ailleurs époux de la sénatrice hyper-uribiste María Fernanda Cabal. L’analyste politique Ariel Avila et le journaliste Julián Martínez ont récemment publié une enquête décapante sur ce couple détonant (Lire ici sur le site pluralidadz.com). On y apprend entre autres que la Fedegán, présidée par Lafaurie, a employé pendant des années José Miguel Narváez, considéré comme l’un des principaux idéologues du paramilitarisme, condamné en février dernier à 26 ans de prison pour avoir commandité le meurtre de l’avocat, journaliste et humoriste Jaime Garzón, abattu à Bogota en août 1999 par un commando paramilitaire d’extrême-droite.

L’enquête d’Ariel Avila et le journaliste Julián Martínez montre en outre que le gouvernement d’Iván Duque a reversé à la Fedegán, en 2018, 90 milliards de pesos de taxes parafiscales prélevés sur le dos des producteurs de viande et de lait. Le procureur général de Colombie enquête sur des faits de corruption liés au reversement de ces taxes, et au détournement de ressources publiques qui auraient servi à payer les gardes du corps, voyages et autres dépenses personnelles du couple Lafaurie-Cabal.

On apprend enfin que le financement des campagnes électorales de María Fernanda Cabal a été assuré par des entreprises liées au vol de terres sur les territoires indigènes (en Colombie, le « vol de terres » est un sport national, où excellent les groupes paramilitaires. Lire ICI). Comme par hasard, María Fernanda Cabal a tenté de faire passer au Sénat un projet de loi visant à mettre fin à la restitution des terres, prévue par les accords de paix avec les FARC...

C’est donc avec la complicité de ces charmants personnages que le Groupe Casino de Jean-Charles Naouri réalise, avec le soutien du gouvernement français, une partie de ses juteux profits.


Le clan Uribe et le narcotrafic.

Les liens de l’ex-président Alvaro Uribe avec quelques-uns des plus gros cartels de la drogue en Colombie sont avérés depuis longtemps. Dès 1991, les services américains de la Defense Intelligence Agency (DIA) avaient été alertés de ce qu’Alvaro Uribe, alors gouverneur de la région d’Antioquia, entretenait des relations mafieuses avec le cartel de Medellin de Pablo Escobar (et les groupes de tueurs paramilitaires qui lui étaient affiliés) (source : tevesur, 31/08/2020). Les États-Unis préfèrent alors fermer les yeux : la guérilla des FARC reste perçue comme un mouvement d’obédience marxiste, et même deux ans après la chute du Mur de Berlin, l’ennemi n°1 demeure le communisme, loin devant le trafic de cocaïne. Cette aimable fiction perdure jusqu’à aujourd’hui ; c’est elle qui justifie l’engagement conséquent, politique, militaire et financier, des États-Unis auprès du gouvernement colombien, mais aussi de la France. Quitte à tordre la réalité. Iván Duque prétend combattre le narcotrafic ? Sous son règne, en 2020, la culture de la coca a augmenté de 33.000 hectares pour atteindre 245.000 hectares en 2020. Chapeau, l’artiste !















Jennifer Arias, photographiée sur sa terrasse (depuis son compte Facebook),

et faisant des mamours à l’ex-président Alvaro Uribe.


Le 20 juillet prochain (décidément une date-charnière !), une élue du Centre démocratique (surnommé Centre démoniaque en Colombie), Jennifer Arias, pouliche d’Alvaro Uribe (Selon la cellule d’investigation des humanités, ce dernier ne consomme pas de cocaïne, sauf pour raisons thérapeutiques, afin de pallier des problèmes récurrents d’érection), devrait prendre la présidence de la Chambre de députés. A 34 ans (elle est née à New York, le 13 janvier 1987), elle sera la première femme à accéder à cette fonction. Un bijou, cette Jennifer Arias, issue d’une prestigieuse lignée.

En 2007, elle fut élue Miss Meta (le département du Meta, dont la capitale est Villacicencio, se situe au centre du pays), avant d’échouer de peu à devenir Miss Colombie. Cette même année 2007, son frère, Andrés Eduardo Arias Ochoa, surnommé « Fosforito », était pris la main dans le sac à Miami, aux États-Unis, dans le cadre d’une opération anti-drogue menée par la Drug Enforcement Administration (DEA) : il était en train de négocier l’achat de 15.000 dollars de cocaïne et d’héroïne. Son papa, Luis Eduardo Arias Castellanos, a pour sa part été condamné en 1993 pour meurtre, après avoir assassiné un homme par arme à feu, le 5 novembre 1992 dans le quartier de La Esperanza, à Villavicencio. 40 mois de prison : la peine prononcée fut plutôt clémente pour un homicide. Cela n’a pas nui à sa carrière, Luis Eduardo Arias Castellanos dirige depuis 13 ans le puissant Comité de Ganaderos (éleveurs de bétail) du Meta. Encore les éleveurs de bétail ! Décidément…

Quant à Jennifer, elle a en partie raté sa carrière. Comme elle l’a elle-même raconté sur sa page Facebook, à 15 ans, elle rêvait d’être pilote d’hélicoptère. Las, les Forces Armées Colombiennes ont rejeté sa candidature. C’est finalement en politique que la jeune femme a choisi de décoller. En 2013, à 26 ans, elle adhère au parti que vient de créer Alvaro Uribe, le bien mal nommé Centre Démocratique. Deux ans plus tard, elle se présente (et échoue) aux élections municipales à Villavicencio, mais est élue lors des élections législatives de mars 2018 comme représentante du Meta. Et elle n’a pas oublié sa passion première pour les engins volants. Au Parlement colombien, elle est connue pour être une très active lobbyiste des entreprises aéronautiques de la région des plaines (dont le Meta). Cette « compétence » fut grandement mise au service de la campagne présidentielle d’Iván Duque, en 2018, dont Jennifer Arias fut la coordinatrice pour les départements de Vaupès et de Guaviare, au sud-est de la Colombie.

Pour organiser les déplacements de Duque et de son équipe, Jennifer Arias a passé contrat avec une petite compagnie d’aviation, Llanera de aviación, dans le collimateur de la justice colombienne pour blanchiment d’argent, et qui a cependant bénéficié de deux contrats avec l’Administration de l’Aéronautique Civile de Colombie. Les pilotes qui ont assuré, pour la Llanera de aviación, les vols d’Iván Duque mais aussi d’Alvaro Uribe, sont étroitement liés au narcotrafic.

Samuel David Niño Cataño, pilote officiel de la campagne de Duque et d’Alvaro Uribe, était aussi le pilote du cartel de Sinaloa (l'un des plus puissants cartels de la drogue mexicains, le cartel de Sinaloa s’est développé dans les années 1980 grâce à l’aide de la CIA, qui utilisait ses services pour alimenter en armes et dollars la contre-révolution sandiniste au Nicaragua). Samuel David Niño Cataño (qui a donné 20 millions de pesos à la dernière campagne sénatoriale d'Uribe) est mort le 3 décembre 2019. Son avion, qui s’est crashé à Laguna del Tigre, à la frontière entre Guatamela et Mexique, transportait une cargaison de cocaïne du cartel de Sinaloa.

Un autre pilote d’Alvaro Uribe, Juan Camilo Cadena Botero, travaillant pour la même compagnie Llanera de aviación, a été arrêté le 21 mai dernier sur l’île colombienne de Providencia. Il prétendait transporter des masques anti-Covid et du matériel humanitaire : les policiers ont trouvé à bord de l’avion 446 kilos de cocaïne pure, l’équivalent de 35 millions de dollars !

Au sein du parlement, Jennifer Arias a déployé un intense lobbying dés le mois de mars 2020, en plein confinement, pour que soient autorisés les « vols humanitaires » de la Llanera de aviación et autres « petites » compagnies aériennes privées (plus de 600 compagnies d’aviation immatriculées en Colombie), clé de voûte du trafic de drogue.

Sur ces faits, parmi d’autres, la Fondation Pares (Fundación Paz y Reconciliación) a établi un rapport particulièrement documenté, qui a été abondamment repris par la presse colombienne. Jennifer Arias, spécialiste du secteur de l’aviation, aura du mal à jouer les Sainte-Nitouche et à faire croire qu’elle ne savait rien. A ce jour, elle reste cependant la candidate d’Alvaro Uribe et d’Iván Duque pour prendre la Présidence du Parlement colombien, le 20 juillet.

Le 20 juillet, jour de fête nationale en Colombie, jour où le Parlement examinera le projet de loi anti-vandales annoncé par Iván Duque, jour où reprend la Grève nationale, et où sont prévues d’immenses marches de protestation, notamment à Bogota et Cali.


Le 20 juillet, dans le match qui opposera l’équipe corrompue du gouvernement colombien à celle des Droits de l’homme, il y a fort à craindre que le Droits de l’homme perdent encore. Sauf si la révolution s’impose, ouvrant la voie à une nouvelle « indépendance ».


Jean-Marc Adolphe, 11 juillet 2021


NOTES

1. Juridiction spéciale pour la paix, instance créée à la suite de l'accord de paix avec les FARC.

2. "Le viaduc où Lucas Villa a été tué est l’un des points de distribution de drogue les plus importants à Pereira. Il est clair que son crime était un message de la mafia parce que la grève et les blocages ont stoppé les chaînes d'approvisionnement en drogue", a déclaré un leader social à El Tiempo, requérant l'anonymat. Aux endroits les manifestants tenaient leurs sit-in se trouvent les connexions mafieuses qui ont transformé Pereira en un centre de conditionnement de la drogue, qui arrive du Valle del Cauca et du Chocó avant d’être distribuée à Bogotá et dans les régions du Caldas, du Quindío et d’Antioquia.


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