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Chili : Elisa Loncon quitte la présidence de l’Assemblée constituante

Dernière mise à jour : 8 mars



Elle a ouvert la voie. Mais la présidence de l'Assemblée constituante, au Chili, est une présidence tournante. Après 6 mois de mandat, confortée par l'élection de Gabriel Boric, Elisa Loncon s'apprête à passer la main, le 4 janvier prochain. Qui pour lui succéder ? Les humanités misent sur une scientifique de 42 ans, qui avait fait campagne pour une constitution écologique.


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Le 4 janvier prochain, Elisa Loncon abandonnera la présidence de l’Assemblée constituante, chargée de rédiger une nouvelle constitution chilienne, qui devrait être soumise à référendum en septembre 2022 pour être adoptée. Ce n’est ni une démission, ni un renoncement. Le décret qui a institué cette Convention constitutionnelle (selon les termes utilisés au Chili) prévoyait une présidence tournante, tous les 6 mois. Cette règle s’applique en outre à l’ensemble du comité exécutif, dont les membres ne peuvent se représenter.


Élue en juillet dernier, à la surprise générale par une majorité des 155 membres de l’Assemblée constituante, Elisa Loncon, universitaire Mapuche (lire ICI et ICI), aura donc présidé à l’installation et aux premiers travaux d’une instance qui est au moins aussi importante pour l’avenir du Chili que l’élection à la présidence du pays de Gabriel Boric, comme l’affirme le philosophe Daniel Ramirez (lire ICI).


Le succès du processus constituant « dépendra de la maturité politique de la société, qu'elle assume la responsabilité de la situation historique qui nous a conduit à un sursaut pour changer la constitution, et que cette maturité politique se transforme en un texte écrit à partir de ce qui a été demandé dans la rue, qui condense le projet d'élargissement de la démocratie, avec toutes les différences, interculturelles et avec tous les exclus », dit Elisa Loncon dans un récent entretien (Lire ICI). La partie n’est pas encore gagnée, mais elle aurait été quasiment injouable si avait été élu, le 19 décembre dernier, le candidat d’extrême-droite, José Antonio Kast. Et le fait qu’avant même d’aller saluer députés et sénateurs, Gabriel Boric se soit rendu au siège de l’Assemblée constituante donner l’accolade à Elisa Loncon et rencontrer le comité exécutif de l’assemblée constituante, dit assez l’importance des enjeux liés à une nouvelle constitution, pour tourner définitivement la page de l’héritage laissé par Pinochet.


Cristina Dorador, première candidate déclarée à la présidence de l’Assemblée constituante. Photo DR


Qui, alors, pour succéder à Elisa Loncon ? La composition de l’Assemblée constituante ne permet guère de parier à coup sûr sur tel ou telle. Aucun groupe politique constitué, ni à gauche ni à droite, n’y est majoritaire.


Parmi les noms qui commencent à circuler : la journaliste et universitaire Patricia Politzer, 69 ans ; le psychologue Benito Baranda, 62 ans, fondateur de l’ONG América Solidaria ; ou encore la jeune avocate Bárbara Sepúlveda, élue sur une liste Apruebo Dignidad (Boric). Sans indiquer pour l’heure de préférence de vote, Elisa Loncon a souhaité qu’une femme lui succède : « si nous sommes observés dans le monde, c'est précisément parce que nous construisons une Constitution paritaire. Il serait fantastique que ce signal politique se poursuive. »


« J'aimerais que ce soit une femme indépendante des partis politiques », a-t-elle ajouté. Cela tombe bien : c’est une femme, indépendante, qui vient d’officialiser en premier sa candidature. Cristina Dorador, 42 ans, fille des professeurs et poètes Wilfredo Dorador et Milena Ortiz, est une scientifique de renom, professeure associée du département de biotechnologie de la faculté de sciences de la mer et ressources naturelles de l'Université d'Antofagasta. Élue en tant qu’indépendante, Cristina Dorador avait fait campagne pour « une constitution écologique, la décentralisation, la préservation des déserts de sel face à l'extractivisme, la protection de l'environnement » et les droits sociaux. Et plusieurs organisations mettent en avant « son engagement au sein du monde indépendant, pour la connaissance, pour la recherche scientifique et technologique en régions, pour le mouvement féministe, pour les peuples originaires et pour l'environnement. »

Verdict le 4 janvier prochain.


Jean-Marc Adolphe


Illustration en tête d’article : Elisa Loncon, par Marcela Trujillo


Peintre, illustratrice, autrice de bandes dessinées, Marcela Trujillo enseigne le dessin et la narration graphique dans plusieurs universités. Ses bandes dessinées ont été publiées dans des publications telles que Trauko Magazine, The Clinic, El Desconcierto, Carboncito et El Volcán. Elle est l'autrice de plusieurs bandes dessinées comme Las crónicas de Maliki 4 ojos (Feroces editores), El diario íntimo de Maliki 4 ojos (Ril editores), El diario iluminado de Maliki (Ocho Libros) entre autres.

Avec l'illustratrice Sol Díaz, elle produit et anime le podcast de bande dessinée féminine La Polola (disponible sur Soundcloud et iTunes). Elle est coéditrice de Revista Brígida, des bandes dessinées réalisées par des femmes.


Invitée en janvier 2020 au Festival de la BD d’Angoulême (lire ICI l’écho d’une rencontre avec des lycéen.ne.s), Marcela Trujillo expose actuellement à l’Institut français de Santiago du Chili, dans le cadre de Coups de crayon sur la Constitution !, une série d’illustrations sur le thème du processus constituant chilien initié en 2020 pour la rédaction d’une nouvelle Constitution. Chaque mois, des illustratrices et illustrateurs racontent en images le processus constituant à travers trois dessins respectivement accompagnées d’une capsule vidéo. (voir ICI)


Au terme de ce projet, proposé et organisé par l’Institut français du Chili, l’ensemble des dessins sera publié sous forme de recueil et présenté lors d’une exposition au Festival de la BD d’Angoulême (France).


« J'ai grandi dans un pays dictatorial, sexiste, classiste, raciste et discriminatoire qui n'encourageait pas le respect de la culture indigène, en particulier pour notre peuple Mapuche, qui, même sous des gouvernements démocratiques, a subi une violence extrême et la dépossession de ses terres, de ses droits et de sa dignité », dit Marcela Trujillo dans un entretien avec El Mostrador. « J'ai trouvé que [l’élection d’Elisa Loncon à la présidence de l’Assemblée constituante] était un événement guérisseur. J'ai toujours eu l'impression que le Chili manquait d'estime de soi, que nous voulions ressembler aux États-Unis et à l'Europe parce qu'au fond, nous manquions de sentiment d'identité. Je crois que la valorisation de ce que nous sommes passe par la reconnaissance et le respect de nos origines et que, à partir de là, nous pouvons comprendre une grande partie de notre culture, l'aimer et en prendre soin. C'est pourquoi je les ai dessinés [Elisa Loncon et la machi Francisca Linconano] et peints de face, pour me voir en eux, avec leurs costumes de cérémonie et la nature en arrière-plan, car je veux apprendre le lien avec les rites ancestraux et la cosmogonie mapuche, la préservation de la forêt, des rivières et des plantes médicinales. »


Vidéo (sous-titrée en français) de l’Institut français du Chili, avec Marcela Trujillo.


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