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Au Burkina Faso, la danse continue


Autour d’Irène Tassembedo (au troisième rang, seconde à gauche),

l’équipe du Festival International de Danse de Ouagadougou.


Un coup d’État, et des coups d’éclat. Le président Roch Marc Christian Kaboré alors que venait de débuter la 10ème édition du Festival International de Danse de Ouagadougou, placé sous le signe « des espoirs ».


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CULTURES VIVES « Comme vous le savez, les actualités télévisées aiment exagérer tout sur l'Afrique, nous sommes ok, en sécurité et continuons notre programme », écrit sur sa page Facebook la danseuse et chorégraphe Mamela Nyamza. Au Burkina Faso, le coup d’État mené par le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration qui a destitué le lundi 24 janvier le président Roch Marc Christian Kaboré, est survenu alors que venait de débuter la 10ème édition du Festival International de Danse de Ouagadougou, dirigé par la chorégraphe Irène Tassembedo.


Des burkinabés rassemblés sur la place la Nation à Ouagadougou pour soutenir le coup d'Etat du 24 janvier. Photo Olympia de Maismont / AFP


Comme le rapportait Le Monde du 25 janvier, le putsch a été « salué par la rue ». « Avec le président Roch, on vivait chaque jour des tueries, la misère, maintenant avec les militaires au pouvoir on espère retrouver la paix », dit ainsi Ousseni Bamogo, un soudeur au chômage. A la télévision burkinabée, le capitaine Sidsoré Kader Ouedraogo, porte-parole de la junte qui a pris le pouvoir, a indiqué que « les opérations se sont déroulées sans effusion de sang et sans aucune violence physique sur les personnes arrêtées qui sont détenues dans un lieu sûr dans le respect de leur dignité ».

La presse française veut voir derrière le coup d’État au Burkina Faso la main du grand méchant Vladimir Poutine et de officieux son bras armé, les mercenaires du groupe paramilitaire Wagner. Sans doute les Russes sont-ils présents dans la région, comme d’autres puissances internationales (lire ICI). Mais « seuls ceux qui ne suivaient pas la situation sont surpris par ce qui vient de se passer », confie à TV5 Monde le Général Bruno Clément-Bollée, consultant en matière de sécurité en Afrique : « Le pays est dans un état d’extrême fragilité depuis pas mal de temps. Avec une incapacité à gérer la situation tant sur le plan sécuritaire que sur le plan économique et sur le plan social. » Emmanuel Macron, qui aime jouer au chef de guerre et aux petits soldats, a engagé la France dans l’opération Barkhane et qui a établi à Ouagadougou le PC de l’opération Sabre, laquelle engage des « forces spéciales » chargées de viser des « cibles à haute valeur ajoutée ». Mais le président français, qui redouble dans ses discours de mots doux pour l’Afrique, se croit en terrain conquis, dans la pure tradition d’arrogance coloniale française. La soi-disant « lutte contre le djihadisme » engloutit des moyens considérables, alors que les forces de sécurité burkinabé sont laissées dans le dénuement. En novembre dernier, dans la province du Soum, l’attaque d’Inata, qui avait fait 57 morts, dont 53 gendarmes quasiment sans défense, a suscité une onde de choc dans tout le Burkina Faso. Des manifestations avaient été organisées pour demander davantage de moyens pour les militaires, et la gestion du président Kaboré avait déjà été vivement contestée.

Pendant ce temps, à elle seule, l’opération Barkhane a coûté 880 millions d’euros en 2020, qui auraient peut-être mieux fait d’être engagés l’aide au développement et de véritables projets de coopération, notamment culturelle. A titre de comparaison, la subvention du ministère français des Affaires étrangères à l’Institut français de Ouagadougou s’élevait à 30 millions d’euros (voir ICI rapport d’activité 2020 de l’Institut français de Ouagadougou), et le programme « Accès culture » de l’Institut français en partenariat avec l’Agence française de développement, « dont l’objectif est de soutenir des collaborations entre des opérateurs africains et français visant à améliorer l’accès à l’offre culturelle pour les publics qui en sont le plus éloignés », est doté d’un budget de… 3 millions d’euros pour trois ans et vingt-cinq pays du continent africain ! C’est dire l’importance qu’accorde à la culture (et à l’éducation) la Macronie en marche…


Masterclass d’Irène Tassembedo au Grin des arts, Ouagadougou, janvier 2022.


Loin de Sabre et Barkhane, la chorégraphe Irène Tassembedo a lancé voici dix ans l’opération « on y danse », avec le FIDO, Festival International de Danse de Ouagadougou. En plein chamboulement politique au Burkina Faso, le festival a placé son dixième anniversaire sous un thème plutôt engageant : Des Espoirs.


Dimanche 23 janvier, la ferme Écologique Mains du Monde Napam Bio à Guigmtenga, qui œuvre depuis 2012 au développement de l’agriculture biologique au Burkina Faso, a accueilli les festivaliers venus de plusieurs pays. Les humanités recommandent tout particulièrement la confiture de papaye, le jus de gingembre et le jus de mangue. Le festival se déroule jusqu’au 27 janvier, au Grin des arts, lieu de développement culturel polyvalent à Ouagadougou qui héberge notamment la compagnie de danse d’Irène Tassembedo.


Jean-Marc Adolphe


Irène Tassembedo sur les humanités :

« On a vraiment besoin de se réveiller » (septembre 2021) : ICI

« Insoumission » (juillet 2020, pour le lancement du festival des humanités)



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